Un temps pour tout...

Dans le ciel de Dol venait soudain résonner un bruit de clochette alors que les plus curieux pourront voir un traîneau tiré par une bande de Chocobo en petit manteau rouge alors qu'un sac tombait du ciel pour atterrir devant la jeune femme qui avait rajeuni, passant par la fenêtre par magie, laissant entendre sur son passage un:

"Joyeux Kupo Noël!!!"

Avant de disparaître sur sa route. Dans le sac en toile se trouvait un dessous plutôt sexy et osée mais peut-être pas adapté à sa poitrine... Ainsi qu'un étrange sifflet en forme de chocobo, indiquant qu'un Chocobo pourrait venir jouer les taxi pour elles, 3 fois uniquement

Note: Ran obtient un sous-vêtement, et un sifflet à Chocobo (utilisable 3 fois)

Les paroles qui me sont adressées finissent de me convaincre de l’identité de la jeune fille sur le lit en face du mien : bien que ce soit difficile à croire, Ran a bien regagné quelques années. Et elle ne manque pas de manifester sa surprise à son tour.

« Pas la peine de me hurler dessus, je ne suis pas plus avancée que vous !
-Hé ! C’est vrai ça, du calme ! Euh… Tu dis que tu as rajeunie ? Ça explique pourquoi l’équipement que tu portais était dans cet état lorsqu’on est arrivé sur place… C’est ma responsable qui s’est occupée de te transporter, hein ! Pas la peine de se faire de fausses idées ! »

Je pouvais très bien imaginer les raisons qui poussaient Axel à préciser sa pensée mais ce genre d’informations superflues, il pouvait se les garder. Ses cheveux châtains en bataille laissaient entrevoir un regard fuyant mais néanmoins focalisé sur moi et Ran. La veste noire à col de fourrure laissée ouverte, identique à celle que portait sa camarade, laissait apparaître une chemise à manche longue blanche typique des uniformes scolaires de la région, laquelle était complétée par une cravate jaune vif retenue par une broche. Un ceinturon massif servant apparemment à stocker de l’équipement plutôt qu’à habiller son porteur lui barrait le bas des hanches et son pantalon en toile noir se prolongeait jusque sur les chaussures noires qu’il portait. Tout en nous continuant de nous observer, je le vis retirer les gants de cuir qu’il avait continuer de porter jusqu’à maintenant. Il devait se dire que tant qu’à rester avec nous pour un petit moment, autant commencer à se relaxer de quelque manière que ce soit.

Alors qu’on continuait à s’échanger des regards dans une ambiance pesante, le son de clochettes qu’on agitait résonna au-dessus de nos têtes, juste avant qu’un sac n’atterrisse sur le lit de Ran. Le contenu ne manqua de me faire hausser un sourcil, tandis que je pouvais voir le visage d’Axel littéralement se liquéfier entre ses mains à cause de la gêne.

Heureusement pour lui, un silence gênant fut épargné par l’arrivée d’une autre personne, qui se signala en toquant à la porte avant d’entrer dans la pièce.
C’était une jeune femme d’une vingtaine d’année, aux cheveux bruns mi-longs, portant une chemise blanche surmontée d’une longue veste bleu ciel, dont l’intérieur se composait d’un tartan rouge et blanc. Ses jambes étaient couvertes par une paire de collants sombres surmontés d’un mini-short noir et elle portait une paire de talons de même nuance. Plusieurs accessoires fantaisistes étaient visibles à ses poignets, contrastants avec les gants noirs qu’elle avait, elle aussi, d’enfilés.

« Ah ! On m’a signalé que l’une de vous deux était debout mais je ne pensais pas avoir l’occasion de discuter avec nos deux rescapés. Enchantée. Je suis…
-Mademoiselle Hyoujeng ?
-Axel… Merci d’être resté avec elles. Malicia est venue me trouver pour me prévenir de ce qu’il s’était passé. Je lui ai dit de retourner dans sa chambre. Tu vas pouvoir en faire de même.
-Vous êtes sûre ? Je veux dire, ça me dérange pas d’attendre que vous ayez fini…
-Je viendrais te voir après, ne t’inquiètes pas pour moi. Allez, file.
-À vos ordres… »

Axel avait paru déçu en prononçant ces mots mais ne chercha pas à contredire la femme qu’il avait en face de lui, et se dirigea vers le couloir, non sans avoir pris le temps de nous faire un signe de tête à Ran et moi juste avant.

« Il faut l’excuser s’il vous a paru un peu… mal à l’aise. C’est un garçon intelligent mais malgré son âge, il reste encore très impressionnable. Au risque de faire répétions, je me présente de nouveau. Mon nom est Hyoujeng Minko, membre du SeeD de Galbadia. C’est moi qui était en charge de l’équipe qui vous a trouvé et ramené ici pour vous faire soigner. Je suppose que vous le savez déjà mais vous vous trouvez dans l’infirmerie de la Galbadia Garden University. J’ai pu discuter avec le médecin qui s’est occupé de vous en venant ici et selon lui, votre condition n’est plus source d’inquiétudes. Mais étant donné l’état de fatigue avancée qui vous accablait, il préfère vous garder encore quelques temps. »

J’avais déjà pu m’en rendre compte avant qu’elle ne fasse la remarque mais le diagnostic était on ne peut plus correct : je n’étais pas au mieux de ma forme, mes jambes ne bougeant quasiment pas depuis que je m’étais rassit sur le lit et mes bras ainsi que mes mains continuaient de trembler sans interruption. J’ai l’impression que je pourrais m’écrouler à n’importe quel instant si je ne fais pas attention. Comme pour essayer de me garder éveillée, je décide de reprendre le contrôle de la conversation.

« Je suppose qu’il faut qu’on vous remercie, alors… Comment est-ce que vous nous avez trouvé, au fait ?
-Mes étudiants et moi-même nous trouvions à proximité pour préparer un exercice sur le terrain quand nous avons reçu une communication nous indiquant un pic d’énergie magique près du portail témoignant de l’activité d’une ou plusieurs sorcières. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, vous étiez déjà par terre, et aucune trace de sorcière à vue de nez. On a préféré vous évacuer au cas où d’autres signaux feraient leur apparition dans le secteur. »

Apparemment, ils n’avaient pas encore compris que j’étais moi-même une sorcière. D’une certaine manière, j’avais de la chance dans mon malheur.

« Comme vous étiez apparemment les seules témoins lors de l’incident, j’aurais souhaité vous poser quelques questions sur ce qui vous est arrivé. Rassurez-vous, j’ai bien conscience que votre état actuel ne vous permet pas de pratiquer un entretien comme celui-ci à une heure aussi tardive. Je vous propose que nous fassions cela demain, dans un cadre moins austère. Vous êtes d’accord ? »

Elle voulait pratiquer un interrogatoire pour éclaircir la situation, si je comprends bien. C’est étonnant qu’elle ait besoin d’en arriver là alors que les équipements du SeeDs étaient censé leur donner toutes les informations relatives à ce genre de situation. Il faut croire que malgré le traitement dont on avait bénéficié, nous étions encore loin d’être lavées de tout soupçon, Ran et moi.

« Oh ! J’allais oublier. Mégane, c’est bien ça ? Nous avons pu contacter monsieur Kramer grâce à l’appareil qui se trouvait dans tes affaires. Nous l’avons informé de ce qui s’est passé et il nous a fourni les renseignements concernant ta situation. Lorsque l’on t’aura restitué ton téléphone, il faudra le contacter pour le rassurer. »

Merde. Je savais que j’avais oublié un truc important. Evidemment qu’ils ont conservé mes affaires quelque part en attendant que je sois réveillée.
Je me contente de hocher la tête en guise de réponse.

« Bien. Je vous ferais apporter à manger demain matin. En attendant, reposez-vous toutes les deux. Je vous souhaite une bonne nuit. »

Hyoujeng s’en alla sans plus de cérémonie, nous laissant moi et Ran à nos réflexions quant à ce qui venait de se dire.

J’exhale un long moment avant de me rallonger dans le lit d’hôpital qui m’a été attribué. Je sens que je risque de m’endormir à tout moment mais il reste encore un truc qu’il faut que je fasse avant tout.

« Je vous dois des excuses. Si vous êtes dans cet état, c’est parce que je n’ai pas su garder mon calme en situation de crise. C’est à cause de cette… chose. Elle est responsable de tellement de malheurs, pas seulement les miens. Alors, quand je l’ai vu se tenir devant moi, avec cette expression… Je vous promets qu’on va trouver un moyen de vous rendre votre état normal. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais on trouvera forcément quelque chose. »

Ran était en rogne, quoi de plus normal... Enfin, je crois. Elle qui mettait en avant ses attributs devant la foule de badauds lorsque je l’avais rencontré, ça devait être assez déstabilisant de se retrouver… désavantagée à ce niveau en particulier.

J’aurais sûrement pu débattre longuement sur l’intérêt de faire tout un cinéma pour ce qui m’apparaît comme un détail, si je n’étais pas accablée par la fatigue. C’est à peine si je parviens à entendre sa réponse à ma précédente tirade avant de finalement sombrer dans le sommeil.


Contrairement à mon réveil tumultueux de la veille, je suis parvenu à passer la nuit sans accrocs. Je ne parviens toujours pas bien à me remémorer ce qui m’avait poussé à me réveiller paniquée dans la soirée d’hier mais au moins, cette chose n’est pas revenue me tourmenter.

Comme elle nous l’avait promis, Hyoujeng nous a fait parvenir notre repas sur un chariot à roulette. Rien d’exceptionnel pour un petit-déjeuner servi dans une académie militaire comme celle-ci, mais néanmoins en quantité suffisante pour que nous tenions le reste de la matinée.

« Vos affaires ne sont pas encore tout à fait prêtes pour qu’on vous les restitue, aussi en ai-je profiter pour vous amener de quoi vous habiller en attendant. »

Notre interlocutrice nous sort deux ensembles d’un sac qu’elle avait amené avec elle. Ce sont des survêtements aux couleurs du SeeD, avec l’emblème de l’organisation brodés dans le dos. Probablement ceux servant habituellement aux entraînements sportifs des étudiants.

« J’ai fait en sorte de prendre les tailles qui correspondaient à vos morphologies. Ne vous étonnez pas si certaines parties nécessitent des ajustements, nos modèles sont basés sur les standards établis pour chaque année. Dites-moi juste si vous avez besoin de quelque chose et je verrais pour arranger ça au plus vite. »

Je me contente de hausser les épaules à ses explications avant de commencer à m’habiller. J’aurais évidemment préféré porter quelque chose de moins ridicule mais à part ça, je n’ai pas à me plaindre.

Ran et moi faisons part de nos impressions, auxquelles Hyoujeng répond :
« J’ai demandé à ce que vos affaires vous soient restituées dans les plus brefs délais, aussi devraient-elles vous parvenir lorsque nous aurons terminé notre entretien. En attendant, je vous demande de bien vouloir faire avec. Maintenant, suivez-moi. »

Nous quittons l’infirmerie pour rejoindre le lobby et ensuite nous rendre à l’étage supérieur via les escaliers nord. Après être passés devant ce que j’identifie comme l’ascenseur permettant l’accès au troisième étage, nous nous arrêtons devant une porte décorée que Hyoujeng nous ouvre sans attendre.

« J’ai demandé à ce que cette pièce nous soit réservée. Entrez et installez-vous sur le sofa. »

La pièce est tout aussi chargé en décorations que laissait entendre la porte que Ran et moi venons juste de passer : un meuble en bois verni au-dessus duquel est accroché un tableau coûtant sûrement une petite fortune, un bureau devant lequel est installé une chaise du même style traditionnel, un tapis noir aux motifs argentés sur lequel repose une table basse en verre encadré par deux sofas au cuir blanc nacré. Nous nous installons sur celui qui est dos à la fenêtre, à côté duquel une commode accueille une lampe de chevet éteinte. Hyujeng s’installe sur celui d’en face et vient ensuite poser un appareil sur la table basse. Je l’observe faire de l’ordre dans les papiers qu’elle a amené avec elle, avant de finalement appuyer sur le bouton de mise en marche de l’enregistreur numérique.

« Je vais vous demander de me répondre avec autant de précision qu’il vous est possible malgré les circonstances. Comme vous n’êtes pas étudiants du SeeD, vous n’êtes évidemment pas soumises aux mêmes règles mais pour bien comprendre la situation, j’ai besoin que vous me donniez le plus de détails concernant les évènements d’hier. Nous sommes d’accord ? »

Je prends quelques secondes avant de répondre.

D'après les informations que j'avais pu obtenir avant mon arrivée sur le continent, le SeeD ne répond pas directement au gouvernement de Galbadia. Plus depuis les incidents causés par Ultimécia, en tout cas. Malgré tout, je ne pouvais pas me permettre de mentionner que j’étais une Sorcière et notre implication dans l’incident au palais présidentiel de Deling. Communiquer ces informations ne feraient que me rendre la tâche plus difficile si je voulais obtenir l'assistance des membres de l'organisation.
J'espérais que du côté de Ran, c'était à peu près la même idée.

« C’est bien compris. répondis-je enfin.
-Très bien ! Je vais donc commencer par ce qui me paraît le plus logique… Que faisiez-vous près du portail de Galbadia avant que l’on vous retrouve ? »

« Nous avons effectivement pu conclure que vous n’étiez pas native de ces terres en nous basant sur les vêtements et l’arme qui se trouvaient en votre possession lorsque nous vous avons trouvé. »

C’était déjà un bon point qu’ils aient compris que Ran venait d’un autre endroit, ça ne pouvait qu’ajouter du crédit à une histoire déjà pas évidente à raconter. Enfin, à la place, il allait falloir expliquer comment elle avait rétréci de trois tailles en-dessous de celle de son équipement. Enfin, chaque chose en son temps.

« Si vous avez discuté avec Monsieur Kramer, vous devez savoir que je suis moi aussi arrivé à Deling dans la journée d’hier, en prenant un bateau en provenance de Centra. Je suis tombé sur Ran en marchant au hasard et comme j’avais aussi l’intention de partir explorer le monde pour savoir ce qui était arrivé pendant que j’étais chez les Kramer, je lui ai proposé de l’accompagner pour vérifier à quoi ressemblait les portails dont on entendait parler depuis plusieurs semaines. On a dû quitter la ville un peu après l’heure du déjeuner. »

En plus de l’enregistreur posé sur la table, je pouvais voir Hyoujeng prendre régulièrement des notes sur un carnet qu’elle avait amené. Je me demande si elle va remettre en question le fait que je ne mentionne pas l’incident qui avait eu lieu en ville, la veille.

« Ensuite ? »

Apparemment, pas du tout.

« On a pris notre temps pour rejoindre le portail, en éliminant au passage quelques monstres sur le chemin. C’est quand on pensait pouvoir se reposer un peu une fois arrivés devant qu’une femme est sortie de nulle part et utiliser sa magie pour s’en prendre à nous. »

Rien que d’y repenser, je serre les poings. J’aurais dû être capable de la battre, même sans Guardian Force… C’est ce que je croyais mais il faut croire que je me trompais.

« On a bien essayé de se défendre mais on n’en avait pas les moyens. »

Je pense que ce sera suffisant pour expliquer les circonstances qui nous ont menées à la situation actuelle. Hyoujeng prend quelques secondes pour finir d’écrire ce qu’elle avait commencé, avant de reprendre la parole :
« Cette femme… Vous l’aviez déjà rencontré, précédemment ? Vous avez une idée de ce qui l’a poussé à vous attaquer ? »

Je sers les dents à cette question. J’aimerais hurler toute la rage qui est contenue en moi mais il m’est impossible d’expliquer le lien que j’entretiens avec l’individu en question.

« Non. Je n’ai aucune idée de qui c’était ou de ce qu’elle nous voulait. Tout ce que je sais, c’est que son apparence était tout sauf humaine. C’était plutôt un monstre doté de la parole, capable d’utiliser la magie librement. »

Ran donne sa description juste après la mienne.

« L’apparence d’un monstre et des pouvoirs ressemblant à ceux d’une sorcière… Je vois. »

Hyoujeng finit par éteindre l’appareil posé sur la table et le range avec le bloc de papier dont elle s’est servie, puis se lève. Elle s’étire quelques secondes se rassoit, avec une posture nettement moins sérieuse. Elle se permet même de nous décocher un grand sourire.

« L’entretien officiel est maintenant terminé. A partir de maintenant, tout ce dont nous pourrons discuter pourra être passé sous silence si on vient à m’interroger par la suite. »

Elle a le droit de faire ça ? Je veux dire, le SeeD est une organisation qui forme des mercenaires mais finalement, ils ont des responsabilités vis-à-vis des nations avec qui ils collaborent.

« La première question qui me vient naturellement à l’esprit est de savoir ce que vous envisagez de faire lorsque vous serez reparties. »

C’est une question un peu bizarre vu qu’on est encore loin d’être sorties d’ici mais je pense pouvoir lui donner une idée approximative de mes intentions.

« Ca me paraît évident ! Je vais trouver un moyen de rendre son apparence normale à Ran ! »

« Vraiment ? Personnellement, je paierais cher pour retourner quelques années en arrière… »

Le regard de Hyoujeng semble se perdre quelques secondes dans le vide après qu’elle ait prononcé ces mots, avant qu’elle ne relève la tête en direction de Ran, une expression de gêne affichée sur son visage :
« Erhm… Veuillez m’excuser, c’était indélicat compte tenu de votre situation. Trouver une solution ne sera pas facile mais je suis prête à vous aider du mieux que le permettent mes attributions au sein du SeeD… »

Même si la remarque était déplacée, je n’avais pas vraiment matière à y répliquer quoi que ce soit, compte tenu du fait que j’étais justement dans la situation évoquée. Ce qui m’intéressait dans le cas présent, c’était qu’une personne disposant d’une certaine influence était prête à nous fournir du soutien si on le lui demandait.

« Maintenant que j’y pense, pourquoi ne pas avoir tout simplement prit la fuite lorsque vous vous êtes fait attaqués ? Pourquoi être restées combattre si vous n’en aviez pas les moyens ? »

Un frisson me parcourt l’échine l’espace d’un instant, ce qui m’oblige à me redresser brusquement en entendant la question de Hyoujeng. Bon sang ! Il a suffi d’un instant pendant lequel je baisse ma garde et je me fais surprendre par une question toute simple. Notre interlocutrice nous fixe du regard, ce qui me force à rester attentif à mes gestes pour ne pas contredire ma réponse.

Difficile de reprendre une posture moins raide aussi vite, donc autant donner une explication qui colle avec ce que j’ai raconté plus tôt.

« Sur le moment, j’ai préféré faire face plutôt que de me faire avoir par un sort pendant que j’avais le dos tourné. A bien y réfléchir, c’était sans doute pas la meilleure solution mais je dois dire que face à l’inconnu, le cerveau a tendance à fonctionner différemment... »

Je fais de mon mieux pour garder une expression la plus neutre possible tandis que Hyoujeng continue de nous regarder en souriant. Difficile de dire si elle était sincère mais ça avait au moins eu le mérite de m’éviter de répondre agressivement.

La réponse de Ran vient ensuite.

Cela semble enfin satisfaire Hyoujeng, qui attrape toutes ses affaires qu’elle avait posé sur le sofa et se lève.

« Je suppose que j’aurais réagi de la même manière si j’avais été à votre place, surtout en sachant quels sont les risques de laisser courir une telle menace, mais si vous êtes encore en vie, c’est seulement parce cette femme l’a bien voulue. Gardez bien cela en tête. »

Je sens bien que ce sermon m’était destiné plus qu’à Ran. A part acquiescer en silence, je ne sais pas vraiment quoi répondre.

« Bien, je pense que ça suffira pour les questions. Si je vous raccompagne maintenant à l’infirmerie, vous risquez de vous ennuyer aussi que diriez-vous de m’accompagner pour le reste de la journée ? Comme c’est la première fois que vous visitez la GGU, vous devez être au moins un peu curieuse de savoir comment nous fonctionnons. »

Personnellement, je n’avais pas vraiment à cœur de voir comment les SeeDs vivaient et s’entraînaient dans ces institutions, ayant déjà consulté plusieurs archives sur le sujet lorsque j’occupais les locaux du Grey WooDs dans le futur, mais Ran devait probablement se poser bien des questions sur cet endroit. Après tout, elle disait être venu sur ce monde pour en apprendre le plus possible.

« Je suppose qu’on n’a rien d’autre à faire pour le moment. On n’a même pas encore récupéré nos affaires, donc ce n’est pas comme si on pouvait déjà repartir.
-Parfait ! J’ai une séance d’entraînement avec des étudiants dans quelques minutes, ça vous donnera l’occasion d’observer comment on leur enseigne le combat par ici ! »

Ran était visiblement partante pour assister à l’entraînement des cadets SeeD. Malgré la présence de technologies bien plus avancées que ce à quoi elle avait l’habitude d’être confrontée, une académie militaire faisait partie des environnements familiers pour Ran.

Hyoujeng ouvre la porte de la pièce et nous invite à sortir, avant de nous orienter vers les escaliers que nous avions empruntés pour venir. Nous revenons dans le hall et nous dirigeons vers le corridor ouest. On passe plusieurs portes en métal marquées chacune par un chiffre spécifique, avant d’arriver devant celleportant le numéro 9. Hyoujeng l’ouvre rapidement et nous fait nous engouffrer dans un sas qui débouche ensuite dans une grande salle aux murs et sols à dallage blancs. Des éclairages au sol ainsi que d’autres marquages réalisés avec un matériau spécial semblent déterminer des zones précises pour l’entraînement.

Un groupe de cadets était déjà en train de se préparer dans un coin de la salle, à côté de ce qui ressemblait à des râteliers pour leurs équipements. Je m’attendais à ce que Hyoujeng explique à ses élèves ce qu’on faisait ici avant toute chose mais elle nous emmena à l’écart, du côté de ce qui ressemblait à une console de contrôle de la salle d’entraînement, protégée du reste par une vitre recourbée probablement faite à partir d’un matériau absorbeur de choc.

« Tout le monde s’est bien échauffé en attendant que j’arrive ? Parce qu’avec le retard qu’on a pris, il va falloir que vous soyez deux fois plus performants que d’habitude. »

L’ensemble des cadets expriment leur confusion d’une seule voix par un « Eh ?! » retentissant. Je peux voir dans le regard de certains qu’il n’apprécie vraiment pas que leur entraînement se retrouve perturbé de cette façon, et les quelques-uns qui sont dirigés vers nous me communiquent leur inconfort quant à notre présence. Ceux-là doivent se douter qu’on est responsables du changement de programme.

« Ne faites pas ces têtes, voyons ! Pour vous remonter le moral, que dites-vous de passer en simulation augmentée ? On va se lancer rapidement en duels. Décidez-vous rapidement puis mettez-vous en position, une paire à la fois. »

Le brouhaha nerveux fait place à une clameur exultant la joie de se lancer dans un exercice visiblement populaire auprès des étudiants. Ils commencent ensuite à se concerter entre eux, avant que les deux premiers ne s’avancent.

Deux garçons, l’un équipé d’un bâton en métal, l’autre avec ce qui ressemble à une hache. Je ne m’attendais pas à ce que les SeeDs en formation soient tous logés à la même enseigne en termes d’équipement mais il faut croire que l’individualité était vraiment un élément déterminant pour des adolescents de cette époque pour que la plupart dispose d’armes d’entraînement personnalisées.

« Bien ! Shidou et Welk, en position entre les marqueurs. Le reste, vous vous préparez pour prendre la suite. Cinq minutes et on passe au duo suivant. C’est parti ! »

Hyojeng active un des curseurs de la console, ce qui a pour effet d’éclairer la zone dans laquelle les deux étudiants se trouvaient. Leurs armes réagirent en émettant un bref son, suivi de légères vibrations au niveau de leurs extrémités et tranchants.

Plusieurs groupes d’étudiants s’affrontent les uns à la suite des autres, Hyoujeng annonce à chaque fois les résultats des duels, grâce à plusieurs variables telles que la vélocité du coup, la friction avec l’air et d’autres données évaluées à l’intérieur de la zone de combat.

Il ne reste plus que deux élèves qui doivent s’avancer pour entamer cette fin de session mais Hyoujeng les interpelle et leur demande de se rapprocher.

« Nous avons encore un peu de temps avant de laisser libre la salle pour la prochaine session. Mégane, tu les as déjà rencontrés hier soir, si j’ai bien compris, mais je voulais que les présentations soit faites dans les règles. Il manque une personne pour que nous soyons au complet mais parmi ceux qui était présents sur les lieux, tous deux sont membres de l’équipe qui vous a porté secours. La demoiselle qui a l’air un peu coincée... »
-Enchantée, Malicia Rikowicsz. Minko, vous êtes sûre que c’est une bonne idée de leur faire assister aux entraînements ? Elles restent des civils, quoi qu’on en dise.
-Pas d’inquiétude, tout est sous contrôle. Enfin, celui qui ne sait pas où se mettre…
-Oui ! Oui, c’est bon. Merci, je… je peux me présenter tout seul. Ravi de vous rencontrer… encore. Je m’appelle Axel. Axel Hawken. Je suis content de vous voir sur pied, toutes les deux. C’est pas tous les jours qu’on porte secours à quelqu’un, donc encore désolé si j’ai pu être maladroit, lorsqu’on s’est vu hier soir. »

Il me tend la main et je lui réponds en la lui serrant amicalement. Il a un peu de mal à me regarder dans les yeux mais c’est sûrement moins pire que l’échange de la veille, après le coup que je m’étais reçu par inadvertance de sa part.

« Alors ? Jusqu’ici, qu’est-ce que vous en dites ? Impressionnant, n’est-ce pas ? »

Je ne sais pas vraiment quoi répondre. C’était juste un entraînement comme un autre.

« Je suppose. Il faut dire que c’est la première fois que j’assiste à quelque chose de ce genre, donc je ne peux pas vraiment m’exprimer dessus. »

C’était bien sûr un mensonge, compte tenu de mes expériences dans le Grey WooDs mais bien sûr, personne ici ne saurait me contredire.

Ran devait probablement avoir une opinion plus pertinente sur l’exercice.

La réponse de Ran avait le mérite d’être clair quant à sa vision de ce que devait fournir une organisation militaire pour former ses soldats, aussi jeunes soient-ils. Je pouvais voir les deux adolescents à côté de nous afficher un air presque outré (surtout Malicia, en fait) devant les paroles de ma partenaire mais Hyoujeng leur intima de garder le silence avant de reprendre la parole :
« Huhu… Je comprends que ça puisse vous perturber compte tenu de ce à quoi vous devez avoir l’habitude. Les entraînements en extérieur ont pour but d’apprendre aux équipes à se coordonner, comme n’importe quelle unité envoyée en mission sur le terrain. A côté de cela, les équipements dont ils se servent sont relativement complexes. Il faut donc s’assurer qu’ils aient bien retenu leurs enseignements théoriques pour s’en servir correctement. Ces exercices en intérieur leur permettent aussi de répondre à leur envie de se mesurer les uns aux autres dans un environnement contrôlé, l’esprit de compétition l’emportant souvent dans ce genre d’établissement. C’est probablement ce qui vous a fait penser qu’ils avaient l’air de s’amuser mais je peux vous assurer qu’en dehors de cela, ils prennent tout ceci on ne peut plus sérieusement. Leur génération a vu le jour dans l’entre-deux guerres, ils savent qu’ils ne pourront pas éternellement couler des jours paisibles dans ce monde. Autrement, ils n’auraient pas rejoint cette académie. »

Elle ne pouvait pas être plus être correcte, c'en était presque effrayant. Pas étonnant. Si elle était SeeD depuis un moment, elle avait dû assister en personne aux derniers événements provoqués par la prise de pouvoir d’Edéa.

Alors que je pensais que Axel et Malicia allait retourner se préparer pour le dernier duel, Hyoujeng vint poser chacune de ses mains sur mon épaule et celle de Ran.

« Mesdemoiselles, comment vous sentez-vous, pour le moment ? J’ai une proposition à vous faire mais il me faut votre accord. Que diriez-vous de vous mesurer en duel face à ces jeunes gens ? Si vous comptez repartir dans les jours qui viennent, je veux m’assurer que vous soyez capables de prendre soin de vous. Peu importe s’il faut vous retenir de force ici mais tant que je ne serais pas convaincue que vous ne risquez pas de vous retrouver étalées face contre terre et que l’on vienne de nouveaux vous porter secours… »

L’aura autour de la femme avait changé. Elle gardait toujours un large sourire mais les traits de son visage communiquaient tout à fait autre chose par rapport aux expressions faciales auxquelles elle nous avait habitué. Là où je pouvais voir une éducatrice amatrice de plaisanteries et très familière avec ses élèves comme avec des gens venus de l’extérieur, j’avais désormais en face de moi Hyoujeng Minko, instrutrice mais surtout, SeeD de Galbadia.

La proposition en elle-même avait certainement de quoi surprendre, du fait de sa soudaineté mais aussi l’idée de me confronter à des adolescents en formation alors que je possédais déjà quelques années d’expérience du combat me donnait comme un goût amer dans le fond de ma gorge. Mais s’il n’y avait que ça pour la convaincre qu’on ne risquait plus de s’attirer des ennuis, je n’allais pas me défiler maintenant.

« Ran, je pense qu’on a tout intérêt à accepter... »

Sa réponse ne se fait pas attendre, toujours aussi éloquente même lorsque la situation ne le nécessite pas.

« Formidable ! Axel, Malicia ?
-J’espère que ça ne nous retombera pas dessus si ça dérape. Je suis d’accord.
-De toute façon, je ne crois pas qu’on ait notre mot à dire. Ça me va aussi. Je commence, ou bien…
-Il vaut mieux que je passe la première. Si je te laisse y aller avant, ça va encore mal se passer.
-Je vois vraiment pas ce qui te fait dire ça mais puisque tu insistes, à toi l’honneur. »

Malicia s’avance donc tandis qu’Axel se recule pour revenir vers le groupe de cadets en train de patienter plus loin.

« Malicia, tu as fait ton choix ?
-Ran, c’est bien ça ? J’aimerais savoir ce que valent les techniques d’un monde au-delà des portails. Ce sera une bonne occasion de comparer nos connaissances respectives dans ce domaine. »

Je sentais bien qu’elle ne dissimulait aucune mauvaise intention derrière ces paroles mais si Ran avait entendu comme moi, elle avait sûrement décelé une pointe de sarcasme. Il faut croire qu’il lui tenait vraiment à cœur de montrer à Ran qu’elle ne plaisantait pas, vu qu’elle part ensuite se mettre en position sans rien ajouter.

« Axel, ramène-nous une lance. Quelque chose s’approchant de celle qu’on a ramené hier.
-Ça marche !
-Les règles sont simples : vous êtes libre vos mouvements dans la zone une fois qu’elle activée. Si vous en sortez pendant le duel, il y a une pénalité qui est comptée. Tant que vous restez dedans, l’équipement atténuera les impacts pour vous éviter de vous blesser. Une fois le temps écoulé, on vérifie combien de fois vous avez potentiellement touché votre adversaire et celui avec le plus de touches l’emporte. »

Axel revient avec l’équipement demandé. La lance correspond grossièrement aux spécifications de celle que j’avais vu Ran utiliser jusqu’à maintenant, la touche moderne en plus avec une conception en matériau composite ; léger mais pourtant très résistant. Après quelques mouvements basiques pour vérifier son maniement, elle donne ses impressions. A priori, ça semble lui convenir et elle rejoint Malicia dans l’arène. La cadette se tient déjà prêtes, empoignant une paire de couteaux militaires dans ses mains.

« Prêtes ? Alors on y va ! »

A peine l’éclairage sur le terrain s’est allumé que Malicia lance un de ses couteaux en direction de Ran. Le coup est heureusement esquivé mais l’adolescente poursuit en exécutant un mouvement du poignet, ce qui provoque le retour immédiat du projectile depuis un angle mort. La lame file droit vers l’épaule de Ran mais s’arrête tout juste avant de rencontrer le tissu, repartant ensuite dans la main droite de Malicia. Une projection holographique indique que le point est attribué, la zone du corps de Ran qui aurait normalement dû être touché se faisant momentanément éclairé par un faisceau rouge.

Je remarque enfin que les gants que porte l’adolescente en uniforme sont équipés de plusieurs composants électroniques répartis sur la surface. Ils doivent probablement envoyer une sorte de signal ou bien ils agissent sur les trajectoires des couteaux après qu’elle les ait lancés.

« Si vous trouver encore que ça ressemble à un jeu, préparez-vous à être déçue. »