Les Incarnés

Émile préféra oublier cette histoire de directeur, il avait bien plus important à penser : la G-Force ! Enfin, la supposée G-Force, puisqu’au final, toute cette histoire n’était qu’une rumeur, mais… Le jeune homme devait s’accrocher à l’espoir d’avoir quelque chose pour lui, qui pourrait le rendre plus puissant. Kida s’indigna, semblait-il, lorsqu’il disait qu’il ne fallait pas tuer une G-Force, et ensuite il prétendait qu’aucune d’entre elle ne voudrait d’Émile…

« Pourquoi ça ? » eut-il le temps de demander, avant que Selphie n’ajoute autre chose.

Il fallait la combattre pour qu’elle le rejoigne possiblement. Ça, il pouvait le faire, il était entraîné pour le combat ! Pendant ce temps, Kida continuait à essayer de lui faire changer d’avis, lui indiquant la dangerosité d’un tel affrontement. Émile fronça les sourcils ; était-il inquiet pour lui ? Ou voulait-il simplement le mettre hors course, pour garder la potentielle G-Force rien que pour lui ? La réponse était évidente ; c’était la deuxième possibilité !

« Ça ne me fait pas peur. » répondit Émile, alors qu’ils rejoignaient le vaisseau.

Non mais, ils pensaient qu’elles servaient à quoi, son armure et sa lance ? À faire joli ? Que c’était des fausses et que le jeune homme n’était, du coup, qu’un gamin qui s’amusait à jouer à la guerre… ? Apparemment, l’endroit où ils se rendaient était un vrai labyrinthe. Mais même mentionner ce détail ne fit pas peur à Émile ! Selphie était partie pour réciter une route bien précise pour se rendre à un endroit clef du tombeau ! Pour tout ruiner ensuite en disant qu’elle n’était pas sûre. Bon… Ils verront bien en arrivant là-bas. Et, non ! Même la mention des squelettes ne lui faisait pas peur… Il était bien trop déterminé à présent pour reculer, qu’importe ce qu’ils disaient ! Le vaisseau se rapprochait petit à petit de leur destination. Émile souhaitait quand même rassurer tout le monde, sur cette histoire de labyrinthe…

« J’ai un ami qui m’a dit une fois que, si on était coincé dans un labyrinthe, il fallait toujours suivre le mur à droite pour en ressortir. Enfin, c’est une astuce évidente hein, mais pour une fois qu’il disait un truc intelligent… ! »

Bon, à ce moment-là, Émile ne connaissait pas du tout cette astuce, et il avait regardé son ami comme s’il était un génie, mais ! Ils n’avaient pas besoin de le savoir… ! Enfin, ils arrivèrent à destination ; Kida avait préparé deux énormes sacs de nourriture ! Attends, pourquoi ils avaient autant de nourriture dans ce vaisseau… Enfin, peu importe ! Il était vraiment beaucoup trop dramatique…

« Tout ira bien… » grommela Émile, en prenant le sac sur ses épaules comme s’il ne pesait rien…

Enfin, ils sortirent du vaisseau, et se rendirent dans le tombeau.

* * *

La première chose qu’ils purent constater en entrant, c’était qu’il faisait, effectivement, bien froid… Enfin, ça n’était pas étonnant non plus, les lieux étaient bien fermés, sans fenêtre, faits en pierre, le soleil n’y entrait pas, la chaleur non plus, évidemment que, dans ce genre d’endroit, il faisait toujours froid, rien d’étonnant ! Pourtant, Émile avait une drôle de sensation, quelque chose le gênait. Il se sentait observé, comme si une dizaine de petits yeux étaient fixés sur lui, scrutant chacun de ses mouvements, et l’analysant en détail… N’importe quoi ! Voilà, ça marchait, les paroles des deux autres commençaient à l’inquiéter ! Mais il n’allait pas se faire avoir et rebrousser chemin comme un lâche ; il allait faire cette mission jusqu’au bout, et jamais il ne mentionnera cette sensation ! Seulement, il ne le savait pas, mais il n’était pas le seul à le ressentir ; si Kida et Selphie étaient un peu attentifs, ils se sentiraient eux aussi observés… Et maintenant, pour savoir de quel côté il fallait commencer pour trouver ce qu’ils cherchaient…

« On fait l’inverse de ce qu’il faut faire pour aller chez Taurus ? Deux fois à gauche, et ensuite… euh… »

Bon, il n’avait rien retenu, et en plus si Selphie n’en était même pas sûre, est-ce que ça avait vraiment de l’importance ? Allez, récapitulons les informations. Les rumeurs disaient qu’il faisait plus froid que d’habitude, que les monstres étaient agités, et qu’il y avait des voix inquiétantes. Pour le froid, Émile ne pouvait pas nier qu’il était là, mais ça ne paraissait pas plus froid que les plaines enneigées autour de la TGU… Il n’y avait pas de monstre à l’horizon pour le moment, et aucune voix ne se faisait entendre. Le jeune homme en armure était déçu. Finalement, peut-être que ça n’avait été qu’un canular…

« V̵͓̔ǫ̷̓u̴̹͑s̸̡̆ ̶͖̓ê̶̼̋t̵̪̄ë̶̗s̴̰͛ ̵͉̒t̴̥͂ṟ̴̚o̴̩̓į̸͋s̶̻̑.̸̓͜ »

Ah ! Cette voix bizarre s’adressait à eux ?! Elle venait de partout et nulle part à la fois…

Les lieux ne semblaient pas du tout inquiéter Selphie, ni Kida. Ils parlaient tranquillement, sans être plus effrayés que ça des monstres environnant ou de l'entité mystérieuse qui les attendait au - peut-être ! – au fond de ce tombeau. Émile n'était pas sûr de comprendre leur réaction ; était-ce parce qu'ils étaient des professionnels, et donc n'avaient-ils plus peur de rien ? Ou, à l'inverse, ils étaient très incompétents, et donc ils ne mesuraient pas l'ampleur du danger... Et, quand la voix étrange retentit, ils n'étaient toujours pas plus inquiets que ça ! Ils s'en moquaient même ! Émile s'était tourné vers eux les sourcils froncé ; finalement, la balance penchait plus vers "c'est des incompétents" que vers "c'est des professionnels"... !

« Je ne crois pas que c'est une bonne idée de de moquer de- » commença le jeune homme, prêt à leur faire la morale !

Mais il fut stoppé net par un rire. Mais, quoi ? C'était la voix bizarre d'avant ! Mais pourquoi elle se mettait à rire, elle aussi ? Mais que se passait-il, enfin ! Peut-être que tout ça n'était qu'une vaste blague pour ridiculiser Émile, tout était possible à ce point !

« Enfin ! Enfin ! Voilà des visiteurs qui n'ont pas peur de moi ! »

Émile fronça les sourcils davantage. Voilà que l'entité inconnue se mettait à discuter...

« Toutes les personnes entrées ici ne se sont pas enfoncées bien loin, et elles ont toutes fui ! Les lâć̷̫h̶̺̾e̵̱̓s̷̄ͅ ! » continua la voix. « Mais, hélas, vous avez tort. Je ne vous vois pas du tout, et c'est bien ironique ! J'ai reconnu que vous étiez trois, avec le bruit de vos pas. Un bruit de pas léger, un bruit de pas lourd, et un bruit de pas de soldat mais qui semble avoir douze ans. »

Eh ! C'était bien trop spécifique pour qu'elle ne les ait pas vus ! Et puis, c'était quoi, cette façon de parler... Émile s'attendait presque à voir débarquer, un fantôme de ménestrel ou un truc dans le genre, qui s'amuserait à les hanter en leur racontant chansons et fables. Pour le coup, ce n'était pas très effrayant, mais à la longue ce serait sacrément pénible... Mais, attends ! Ça voulait dire que toutes les personnes qui sont entrées ici à la recherche de l'entité, ont été effrayées tout de suite et ne sont pas allées plus loin que l'entrée ?! Est-ce que tout le monde était incompétent, ici... ?!

« J'ose espérer que vous êtes venus me libérer. » reprit la voix. « Les temps sont vraiment longs, par ici. Allez, venez me trouver ! Procédez dans l̴e̶s̵ ̵c̸o̷u̶l̸o̶i̸r̵s̴. »

Émile désigna de la main un point au hasard vers le plafond, comme pour montrer la voix (qui n'était visible nulle part évidemment, mais comment faire pour la désigner sinon !)

« C'est pas une G-Force, ça ? » demanda-t-il, s'étant tourné vers Selphie et Kida. « On est d'accord ? »

Une question qui ne parut pas plaire la voix qui reprit :

« Que de jugements en vous ! Et pourtant, j'en suis bien une. Quelques temps plus tôt, on m'avait combattu, pour me soumettre, mais hélas ! Mes attaquants n'ont pas voulu de moi. Mon apparence ne leur plaisait pas, et savez-vous ce qu'ils ont trouvé de mieux à faire ! C'est ça ! Venir m̸̦͘'̵̮̉e̸̼̾n̷͙̽f̴͍̐e̵̫͛ȓ̷̼m̴̟̍e̷̙͆ŕ̴͚ ici ! Le temps que je me remette du combat, on m'avait scellé, et je n'ai pas la force de ressortir. J'espérais que vous pourriez le faire. »

Mais si c'était une blague et pas une vraie invocation, ils perdaient leur temps... Quoique. Si c'était un garnement qui se moquaient d'eux... Émile n'aurait absolument aucun remord à lui taper dessus ! Ça lui apprendra à blaguer sur ce genre de chose !

« On continue ? Ou vous allez discuter encore longtemps ? » lança le jeune homme, pour à la fois la voix, et ses deux compagnons.

Enfin de toute façon, s'ils voulaient continuer à bavarder, ils pourraient le faire en chemin...