He's just a poor boy ?

Mais il n'était pas un... Oh, tant pis, il était trop gelé pour s'énerver maintenant... Tout ce qu'il voulait, c'était entrer pour se réchauffer. Il allait donc essayer de ravaler sa mauvaise humeur et de prendre tout ce qui l'énerverait sur soi, en attendant. Essayer, hein, c'était le mot... ! Comme plus personne ne le maintenait au sol, Emile se décida à se lever. Il avait déjà assez froid comme ça, pas besoin de rester dans la neige.

Serge continuait de le surveiller, il avait même pris la lance au cas où son ennemi voudrait encore l'attaquer ! L'étudiant était donc affublé de deux lances, prêtes à pourfendre cet horrible individu ! Non, parce que ni Selphie, ni son copain ne faisaient attention à lui. Et Jeanne... Elle regardait ailleurs, rougissante de honte, en entendant la conversation entre l'ex-directrice et Kida. Non ! Elle n'avait rien du tout à voir avec ce match clandestin... ! Il ne fallait pas qu'elle regarde dans leur direction, sinon ils se douteraient de quelque chose !

Emile, lui, n'avait pas la moindre idée de ce qu'était le volley, mais il avait surtout remarqué qu'on ne le regardait pas. Enfin, il ne comptait pas Serge dans le lot... Ils étaient aveugles, ou quoi ? Ils avaient un soi-disant gamin en short dans la neige et avec une blessure au bras, et tout ce qu'ils trouvaient à faire, c'était bavarder ? Et ils avaient même le culot de lui demander ce qu'il venait faire ici ?!

« Euh... J'espère que ce n'est pas de nous que vous parlez, quand vous dîtes "collègues simplets"... » commenta Jeanne après les paroles de Selphie.

Emile songeait qu'il n'y avait pas qu'eux qui étaient simplets. La nouvelle venue lui demandait s'il était venu vendre de la drogue... C'était pour pas que les deux idiots disaient qu'il était un criminel ? Il ressemblait à quelqu'un qui faisait ce genre de choses. Peut-être qu'il avait un sosie dans ce monde. Ça irait dans le sens de la théorie de cet étrange moustachu ondulant qu'Emile a rencontré une fois, et qui voulait à tout prix lui piquer son chapeau. Mais ça ne changeait rien au fait que ce n'était pas lui, et quand ce fut au tour de Kida de poser ses questions, Émile le regarda, ébahi, avant de se désigner lui-même en montrant particulièrement ses membres qui n'étaient pas couverts par des vêtements. Ils allaient bien finir par remarquer qu'il n'était pas à sa place là dehors, non ?

« Réponds, criminel ! » lança d'un coup Serge, devant l'absence de réponse du jeune, ce qui effraya ce dernier. « Est-ce que tu vends de la drogue, oui ou non ?! »

Lui en tout, n'avait rien remarqué... Émile s'était tourné vers lui, le fusillant du regard.

« Non !
- Mensonge ! Tu as mis trop de temps à me répondre, c'est que tu caches quelque chose !
- Fouille-moi alors, tu verras bien si tu trouves quelque chose ! »

C'est vrai que l'étudiant pouvait faire ça ! Mais il avait ses deux mains prises... Alors, il se tourna vers Jeanne, et lui demanda :

« Tu peux t'occuper de ça ?
- Mais pas ici ! » Ils le désespéraient, c'était pas possible d'être aussi stupide... « Il fait trop froid ! Je gèle ! Je veux entrer ! Je ne sens plus mes doigts !! »

Il aimerait bien se les réchauffer avant qu'ils ne finissent par tomber tout seul, ou un truc du genre...

« C'est vrai qu'il fait un peu frisquet... » constata Jeanne. Comment ça, "un peu" ?! « On devrait rentrer, peut-être qu'il sera plus enclin à nous parler à l'intérieur !
- Oui, c'est ça, enfin ! »

Mais avant cela, Jeanne demandait à la direc... Non ! L'ex-directrice ! Si elle pensait que c'était une bonne idée. Ils voulaient sa mort en fait, c'était ça, le truc ! Ils voulaient le voir le geler jusqu'à devenir un petit glaçon ! Du coup, s’ils l’acceptaient, il allait enfin entrer dans le bâtiment pour se réchauffer… Quoique ! Il irait, même s’ils ne l’acceptaient pas. Parce que ça commençait à bien faire ces bêtises ! Il s'était tourné vers Kida, qui semblait être le moins débile de la bande... pour lui demander :

« Je pourrais avoir un truc pour mon bras ? » Alors, il avait bien des potions sur lui ! Mais s'il pouvait les économiser, ça serait encore mieux ! En même temps, il en profita pour répondre… en partie… à sa question : « Et c'est leur faute si tout ça est arrivé. Ils m'ont attaqué en premier. »

Il avait fini sa phrase en montrant Jeanne et Serge du doigt, qui étaient prêts à s'offusquer, encore une fois ! Jeanne n'avait pas fait exprès, enfin ! Il n’avait qu’à pas être si louche, voilà tout. Comment ça, ce n’était pas une excuse ?

Comment ça, mignon ? Émile regardait en direction de la jeune femme, troublé. Heureusement qu'il avait le froid comme excuse pour justifier qu'il rougissait, en espérant que son embarras soit passé lorsqu'il entrera à l'intérieur... ! Ah, elle disait ça parce qu'elle le prenait toujours pour un enfant... Il afficha une mine particulièrement déçue suite à cette révélation. Qu'est-ce qu'il devrait faire, au juste ? Protester pour qu'ils arrêtent de le prendre pour un enfant ? ... Mais en même temps, ça pouvait avoir ses avantages. Après tout, ils devraient être plus disposés à aider quelqu'un qu'ils pensaient très jeune ! ... Si on oubliait Jeanne et Serge qui ne voulaient pas lui lâcher la grappe.

La mention de sort d'Ultima l'intrigua grandement. Elle pouvait lancer ce sort ? Elle était si forte que ça ?! Au premier coup d'œil, ça n'en avait pas du tout l'air, pourtant ! Émile en était très impressionné... si bien qu'il n'imaginait pas du tout qu'elle lui racontait n'importe quoi. Ça ne lui traversait même pas l'esprit, tout ce dont il était presque sûr, c'était qu'il trouverait peut-être ce qu'il cherchait ici... On notera que toutes les émotions du jeune pouvaient très clairement se lire sur son visage, pour peu qu'on le remarquait sous son chapeau. On notera aussi qu'Émile n'avait absolument pas conscience qu'on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert...

Enfin, en tout cas, il avait très bien compris le message ; il donna ses lances sans résister ni même protester. Tout ce qu'il voulait, c'était rentrer se réchauffer, et il ne voulait pas perdre plus de temps ! Le petit groupe se mit donc en route pour entrer dans la fac. À peine avaient-ils fait quelques pas à l'intérieur, que Jeanne prit la parole :

« Et maintenant, je peux te fouiller ? »

Émile lança un regard noir à la jeune femme. Elle ne perdait pas son temps...

« Parce que tu crois que je me suis réchauffé direct en entrant ? » grommela-t-il en réponse.
« On ne sait jamais ce que tu peux cacher sous tes vêtements, criminel ! » intervint Serge, déterminé à le surnommer comme ça... « Et si tu avais planqué une bombe quelque part ?!
- Ça se verrait, si j'avais caché un bombo sous mes vêtements...
- Pas un bombo ! Une bombe !! »

Émile haussa un sourcil. C'était quoi cette réponse ? C'était la même chose pourtant, non ? Pourquoi est-ce que ces deux-là étaient particulièrement débiles ?!

« Je prends au moins ça ! » lança Jeanne, avant d'empoigner le chapeau du jeune. Ce dernier n'eut même pas le temps de réagir qu'il n'avait plus rien sur la tête... Et l'étudiante manqua de tomber par terre. « Eh, d'où ce truc c'est aussi lourd ? »

Le jeune à présent tête nue adressa un sourire narquois aux deux étudiants, avant de leur tourner le dos pour les ignorer. Il perdit son air confiant bien rapidement en observant les lieux, dont il remarquait bien plus facilement la taille. Il se sentait à présent tout petit et tout nu... Ses yeux observaient les environs, l'air inquiet, et il poussa quelques soupirs, agacé de cette situation. Jeanne, elle, ne trouva rien de spécial dans le chapeau... mais elle trouvait le comportement actuel d'Émile très louche ! Elle échangea un regard entendu avec Serge, qui pensait exactement la même chose. Les deux étudiants partageaient le même neurone, pas étonnant qu'ils en venaient tous les deux à la même conclusion... !

Ils arrivèrent devant l'infirmerie, mais il y avait un petit problème ; le temps d'aller-retour vers l'extérieur n'avait pas été énorme, et Jack et Morrigan étaient encore à l'intérieur. Serge décida de passer en coup de vent dans la pièce, le plus discrètement possible, pour récupérer des bandages, du désinfectant et une couverture, et tout autre chose que Selphie lui demanderait de prendre ! Serge fut si rapide, les occupants actuels de l'infirmerie ne le remarquèrent même pas, et lui ne fit pas attention à ce qu'ils pouvaient faire... Il fut donc rapidement dehors, avec tout le matériel nécessaire ! Il ne restait plus qu'à trouver un endroit tranquille où s'occuper de la blessure de leur "invité"... et il fallait savoir qui allait s'en occuper, aussi !

« Ah non, moi j'y touche pas ! » protesta Jeanne. « Hors de question de nettoyer du sang ! »

... C'était pas une école militaire ou quoi ici ?

« Madame la directrice, faites-le s'il vous plait ! » continua la jeune femme, oubliant que Selphie avait démissionné...

Qu'elle décide de le faire ou le reléguer à Serge ou Kida... ça ne changeait pas grand-chose pour Émile, qui la regardait d'un air perplexe. La directrice ? C'était la figure d'autorité de l'établissement ? On ne dirait pas du tout... Bon. Maintenant il allait attendre qu'on daigne à le soigner ou lui poser des questions ou quoi... au moins, il avait bien moins froid maintenant. Il n'allait pas se plaindre... enfin, pas avant la prochaine parole qui le contrariera... !

HRP :

Voilà à présent qu'il se retrouvait avec plein de trucs en main, à se faire traîner à travers les couloirs ! Il avait à peine eu le temps de lâcher un petit "euh, okay" à la première affirmation de Selphie, et ils étaient partis ! Ils laissaient Jeanne et Serge derrière eux, et c'était tant mieux. Ils étaient bien trop pénibles, Émile n'avait aucune raison de vouloir les revoir ! ... Ah, c'est vrai qu'ils avaient encore son arme et son chapeau en leur possession... Bon ! Il avait une raison de les revoir, mais une seule, hein !

Finalement, ils s’étaient arrêtés dans une chambre, et Émile restait planté là, en ne sachant pas trop quoi faire de tout ce qu’il avait en main. Il sortit de sa torpeur lorsque Selphie lui parla à nouveau, et lui demandait son "petit" nom… Mais ! Qu’est-ce que c’était, comme façon de demander les choses ? Il ne put s’empêcher de rougir à nouveau… et cette fois, il n’avait pas l’excuse d’être dans le froid, oh non !

« Je m’appelle Émile Lekker. » répondit-il rapidement, en espérant que ça le débarrasserait de son léger embarras. « Et… »

Il se stoppa, hésitant. Est-ce qu’il avait déjà le nom de la jeune femme ? Est-ce qu’il pouvait le demander ? L’autre, il savait qu’il s’appelait Kida. Mais elle… elle s’était faîte appelée directrice, d’accord, mais ensuite ? Il devait l’avoir entendu, son nom, non ?

« Et, je vais dans la salle de bain. »

Il l’entendra sûrement une nouvelle fois plus tard… Il fila donc dans la pièce d’à côté, déposant d’abord les croissants sur une table de chevet. Il lança un regard noir en direction de Kida ; il n’avait pas intérêt à manger ne serait-ce qu’une seule miette de ces délicieuses viennoiseries ! Émile disparut ensuite dans la salle de bain, posant tout ce qu’on lui avait donné sur l’évier, puis enlevant son haut afin de pouvoir accéder à sa blessure. Ce fut à ce moment précis qu’il réalisa qu’il ne savait pas du tout utiliser tout ce qu’on lui avait donné… Il attrapa un des flacons, le retournant, cherchant à trouver un texte qui expliquerait ce que c’était et comment s’en servir. Il tomba bien sur un texte ! Mais c’était illisible. Les lettres ne ressemblaient pas du tout à ce qu’il connaissait… Une vague colère le prit, ça avait été bien la peine qu’on lui apprenne à lire quand il était jeune ! Voilà à quoi ça lui servait maintenant, à rien du tout !

Émile jeta le flacon par terre, celui-ci se brisa instantanément, le jeune se calma un peu… puis il se demanda si ça avait été une bonne idée de faire ça… Ce n’était pas si important, si ? Ce n’était pas trop cher… ? Il poussa un gros soupir, avant de se diriger vers la sortie de la salle de bain. Il l’ouvrit et, honteusement et à contrecœur, il demanda :

« … Je crois que j’ai besoin d’aide. »

Ce n’est pas comme ça qu’il allait réussir à se débrouiller tout seul pour trouver ce qu’il voulait sur ce monde…

Ce fut Kida qui s'approcha pour lui venir en aide. En plus de son air honteux, Émile affichait sans essayer de le cacher un air extrêmement déçu. Il lâcha tout de même un petit "merci" avant de retourner dans la salle de bain, suivi de Kida, qui remarquait ce qui restait du flacon sur le sol. Maladroit ? Non, pas vraiment. Colérique par contre...

« Non, je... » commença Émile, puis il se ravisa, autant qu'il ne pense pas qu'il avait brisé le flacon exprès... « Enfin... Laissez ça, je nettoierais moi-même, c'est moi qui l'ait fait tombé après tout. »

N'empêche, quel gâchis ! Tout ça parce qu'il n'avait aucun contrôle de sa colère. Des fois, il se demandait s'il servait à quelque chose... N'ayant toujours pas remis son haut, sa blessure était bien visible, et Kida lui demandait comment il se l'était faite. Émile le fixa un instant en silence, haussant un sourcil ; il ne l'avait pas dit plus tôt ? Peut-être que l'homme n'avait pas été là à ce moment... Ou... Non. Il ne se souvenait plus du tout. Enfin, après tout, personne n'avait vu le moment où il s'était fait attaqué, en dehors des deux étudiants...

« Bah, c'est vos deux élèves qui m'ont fait ça ? » répondit Émile, l'air un peu perplexe, comme il ne savait plus qui était au courant de quoi... « Même si je sais pas comment ils ont fait. J'étais assez loin, puis j'ai entendu un boum, et j'ai eu mal au bras juste après. »

Un peu comme un canon, mais en miniature ! Mais ça ne pouvait pas être possible, non ? Ils auraient inventé ça sur ce monde ? C'était quand même un peu dangereux, non ? Du coup, Émile n'avait vraiment aucune idée de ce qu'il s'était exactement passé. Si Kida regardait bien... Il pourrait remarquer que ce n'est pas la seule blessure qu'il possédait, mais les autres semblaient plus ou moins anciennes. Et puis il était un peu musclé, ce qui dénotait avec son visage assez enfantin...

Mais bref, il laissa à Kida le soin de traiter sa blessure, et Émile resta silencieux (à moins que l'homme ne lui pose des questions), regardant en direction de la porte. Au bout d'un moment, il se pencha vers Kida, et il chuchota :

« C'est quoi son nom, déjà ? »

Il montrait du doigt la porte, parlant bien sûr de la directrice.

Kida sembla complètement changer de comportement et Émile le regarda, perplexe, se demandant dans un premier temps ce qui pouvait bien lui arriver ; l'homme commençait à parler plus froidement, et il l'accusait même de ce qu'il ne faisait pas ! Pas étonnant que les étudiants ici avaient des attitudes bizarres, songea Émile, si c'était ce genre d'enseignant qu'ils avaient... ! Trop occupé à se perdre dans ses pensées pour trouver quoi répondre et éviter de s'énerver, le jeune homme ne prit même pas la peine de répondre pour renseigner Kida sur son âge... Mais il tenta quand même de se justifier sur l'autre affirmation qui avait été prononcée.

« Ils m'avaient pris pour un vendeur de drogue. J'imagine que c'était assez pour eux pour m'attaquer... »

Les visiteurs ne devaient pas affluer dans les environs s'ils étaient accueillis comme ça... Émile faisait de son mieux pour ne pas s'énerver, mais voilà que Kida se mit à traiter sa blessure sans soin, laissant son patient grimacer et serrer les dents, pas vraiment content de cette situation. Disons qu'à présent, il avait encore moins envie d'être poli... Surtout que Kida continuait de parler et ça n'arrangeait rien ; d'accord, il ne voulait pas du tout qu'il interagisse avec Selphie, tant pis, grand bien lui fasse... Mais le "monsieur bien meilleur que moi" ? Vraiment ?

Ce fut cette remarque précise qui ne plut pas du tout à Émile. Évidemment, encore une personne qui se pense supérieure ! Partout où il allait, c'était pareil. Les gens ne pouvaient pas s'empêcher de le lui rappeler... Le jeune homme avait baissé la tête, jetant un air mauvais en direction de Kida, mais il ne se contenta que de répondre :

« Okay. »

Il aurait bien aimé faire un scandale, mais il ne trouvait pas les mots. Il avait juste envie d'insulter son interlocuteur ou de lui en mettre une. Mais il allait se retenir, ce n'était pas la meilleure idée que d'agresser ces gens chez eux... Il ajouta, avec une si petite voix que c'était possible que Kida ne l'entende pas.

« J'ai vingt-quatre ans. »

Il pouvait choisir si oui ou non il pensait qu'il mentait toujours ou pas... Émile prit ensuite le temps de se rhabiller, et il sortit de la salle de bain, bousculant au passage l'autre homme s'il se trouvait sur le chemin ! Se retrouvant alors à nouveau dans la chambre, Émile évita de croiser le regard de Selphie. Surtout qu’il avait toujours l’air très contrarié, et il préférait que ça ne se voit pas trop.

« Je pense que je vais y aller. » lâcha-t-il alors.

Autant s’en tenir au plan initial, il n’avait pas prévu de faire escale dans cet endroit à la base… Enfin, après, c’était s’il pouvait partir. Surtout qu’il n’avait toujours pas de vêtements particulièrement chauds sur lui, et en plus, on lui avait piqué sa lance et son couvre-chef, il était hors de question qu’il reparte sans ! Mais ce n’était même pas sûr qu’on veuille lui rendre ses affaires.

« … si j’ai le droit. » ajouta Émile, en prenant toujours soin de ne croiser le regard de personne.

Si ça se trouve, ils allaient attendre d’en avoir définitivement fini avec cette histoire de drogue avant de daigner le laisser repartir…

Quoi ? Non ! Il était hors de question qu’il prenne un portail. Pas déjà ! Il avait encore des choses à voir dans ce monde. Lui qui était tombé dessus par hasard, au premier essai… S’il le quittait, il allait se retrouver coincé dans un autre monde, et bon courage pour retrouver celui-là, parmi toutes les possibilités ! Il était prêt à sortir de la chambre, mais Selphie s’agitait un peu et elle avait pris la parole ; elle parlait d’un jumper et de faire visiter Galbadia à Émile… Ce dernier ne comprenait pas tout, il était un peu confus mais également intriguée, alors il n’avait pas encore quitté la pièce, et il se contenta d’écouter ce qu’il se disait… !

Il se sentait toujours embarrassé de se faire appeler, "le petit", mais à part ça, elle avait raison… Ses habits n’étaient vraiment pas assez chauds. Surtout qu’il n’avait même pas de pantalon long ! À moins qu’on ne lui prête des vêtements (est-ce qu’au moins une personne était à sa taille, dans cette université… ?), il n’irait pas très loin. Et Kida, qui tentait toujours de trouver un argument contre l’idée qu’Émile accompagne Selphie… Mais là, il avait de quoi répondre pour le faire taire ! Enfin… Il l’espérait…

« J’ai bien traversé un portail, mais je suis ensuite venu directement ici par bateau. » indiqua-t-il alors.

Et c’était vrai ! Ce bateau l’avait lâchement abandonné sur une plage, lui et d’autres passagers, et ensuite, ils durent tous se débrouiller tout seul. Repartir à nouveau en bateau, ça paraissait plutôt impossible ; il n’y avait aucun port dans le coin. Donc, oui, il n’avait pas vraiment beaucoup de choix pour repartir…

Émile écouta tous ces noms bizarres que lâchaient Selphie et Kida, tout ça pour désigner un vaisseau. Ah ! Ils avaient donc ce type de véhicule ici aussi, ils étaient plus développés que ce qu’Émile avait pensé, au premier abord… ! Et voilà que les deux attendaient la réponse du jeune homme. Bon, il n’avait pas à réfléchir bien longtemps ; il avait bien quelque chose à faire sur ce continent, mais, tout seul, il n’irait pas très loin. C’était qu’il avait entendu une histoire… Un endroit dans la neige, où les gens pouvaient récupérer la magie Ultima ! C’était bien intéressant, mais comme Émile n’avait pas demandé plus de précision, il n’en menait pas large. Comment est-ce que les gens pouvaient récupérer de la magie comme ils le voulaient ? Est-ce qu’il fallait échanger quelque chose pour l’avoir ? Est-ce qu’elle se trouvait vraiment au milieu de la neige ? Est-ce qu’ils devaient faire une longue quête pénible en faisant trente-six mille va et vient avant de pouvoir y avoir accès… ? Impossible à savoir. Si Émile se serait retrouvé devant la magie, et n’aurait rien pu faire pour la récupérer, ça aurait été un peu inutile de braver le froid !

« D’accord, je veux bien vous accompagner. » dit-il alors, un demi-sourire au visage.

À moitié ravi parce qu’il pouvait accompagner Selphie… ! Moins ravi de savoir que Kida allait très certainement suivre aussi. Si celui-là arrêtait un peu de l’embêter, peut-être qu’Émile pourrait demander directement à Selphie, des informations sur comment récupérer la magie ! Mais il n’allait pas lui dire pourquoi il en voulait. C’était encore quelque chose de trop personnel… et d’un peu inquiétant… la jeune femme n’avait pas besoin de le savoir… !

« Par contre, je peux récupérer ma lance et mon chapeau, avant de partir… ? »

C’était important pour lui, quand même !

* * *

Jeanne et Serge étaient déçus ; ils n’avaient rien trouvé de louche dans les affaires du jeune homme. Évidemment ! Puisqu’il n’était pas louche ! Émile récupéra ses affaires, en prenant soin de montrer toute sa maturité en tirant la langue aux deux étudiants… ! Puis il suivit Selphie. Sûrement au grand dam de Kida, mais tant pis pour lui. S’il n’était pas content, il n’avait qu’à partir, parce que ce ne sera pas Émile qui le fera !

Hélas, Kida n’abandonnait pas non plus, et il suivait le mouvement. En chemin en direction du vaisseau, Émile ne pouvait s’empêcher de fixer son regard sur l’homme, sourcils froncés, et l’air franchement peu ravi. Son avis était fait ; il ne l’aimait pas du tout ! Malheureusement, le jeune homme avait la fâcheuse tendance à se faire très rapidement un avis sur chaque personne qu’il croisait. Avis qui était le plus souvent négatif, puisqu’il avait un sale caractère et n’aimait personne, mais, c’était un détail… ! Émile marchait, la petite valise donnée par Selphie à la main, sa lance dans le dos, et des nouveaux vêtements, plus chauds et confortables, sur le dos ! D’ailleurs, le manteau qu’on lui avait donné était même trop chaud… bon, il n’allait pas continuer à se plaindre, et accepter ce vêtement sans ronchonner ! … Mais en plus il était un peu trop grand. Émile disparaissait presque en le portant, si bien qu’on pouvait facilement imaginer que le manteau avait pris vie et marchait tout seul, aux côtés de l’ex-directrice et de l’autre homme… !

Ce fut sur cette drôle de pensée qu’ils arrivèrent enfin devant le hangar où se trouvait le vaisseau. Et quel vaisseau ! Ce n’était pas du tout ce à quoi Émile s’était attendu à voir ! Sur Héra, les vaisseaux ressemblaient plutôt à des sortes de bateaux volants après tout. Celui avait une forme… vraiment étrange, quand on comparait les deux ! Le jeune homme à la lance était bien curieux de savoir comment celui-ci fonctionnait. Il regardait le véhicule avec de grands yeux, tournant autour pour l’observer sous tous ses angles, un peu excité comme un enfant. Il fallait savoir qu’il n’avait jamais pu voler sur un vaisseau sur son monde d’origine ; ce serait une première fois pour lui ! Le voyage en aéronef était un peu trop au-dessus de ses moyens, même si Émile était certain que, s’il lui avait demandé, son ami n’aurait pas hésité à lui offrir une place pour qu’il puisse avoir son baptême de l’air… Mais, non ! Hors de question de mendier de l’argent ou quoi que ce soit ! Émile tenait à garder sa dignité intacte, quand même… !

Les portes du vaisseau s’ouvrirent soudainement, toutes seules ! Perdu dans ses pensées, Emile fut surpris et il fit un bon en arrière, avant de se calmer aussitôt, et se tourner vers Selphie qui était en train de lui parler. Ah, si ! Il était carrément impressionné !

« On a des vaisseaux, mais ils ne ressemblent pas du tout à ça. » répondit Émile. « Des aéronefs… »

Ils entrèrent et, comme il faisait bien plus chaud à l’intérieur, Emile se retrouva à enlever son gros manteau. Ça avait bien été la peine qu’on le lui donne, le temps de ce petit trajet… ! ! Le siège à côté de Selphie étant déjà pris, Emile n’eut d’autre choix que de s’assoir sur l’un des sièges à l’arrière. Mais il le choisit avec attention ; il voulait se trouver sur l’un où il pouvait toujours avoir un œil sur Kida. On ne savait jamais, il tenait absolument à ne pas le lâcher du regard ! Il remercia ensuite Selphie pour lui offrir des trucs à grignoter, et il ne se fit pas prier pour en prendre quelqu’un, ça ne se refusait pas, les trucs gratuits comme ça… !

Ses affaires rangées… là où on lui avait indiqué de le faire, il s’était à présent assis, et aurait bien aimé suivre les instructions de Selphie, mais c’était quoi, cette histoire de ceinture ? Émile regarda autour de lui, et trouva bien quelque chose de vaguement ceinturesque sur ce siège, mais il était censé l’accrocher à quoi ? Il n’eut pas vraiment le temps de trouver, voilà que le vaisseau se mit à bouger et s’envoler ; Émile se cramponna à son siège du mieux qu’il pouvait, pour ne pas se retrouver à glisser de l’autre côté du cockpit… Heureusement, aucune catastrophe n’arriva pendant le décollage (qui n’était pas très rapide ! Qui sait ce qu’il se serait passé si ça n’avait pas été le cas…) et Émile put se décrisper lorsque le véhicule se stabilisa dans les airs. Et ça volait pour de vrai ! Pour Émile, c’était incroyable.  Il n’était pas sûr s’il pouvait se lever, il resta donc assis bien sagement sur son siège. Un long silence pesant s’était installé dans la cabine... Non mais la présence de Kida n’aidait pas non plus… !

« Comment est-ce que ça vole ? » demanda Emile curieux, et souhaitant briser ce silence prénible. « Il n’y a pas de Brume dans ce monde. »

Bon, okay… dit comme ça, sans contexte, ça sonnait absolument stupide. Après, tout, on ne pouvait pas entendre les majuscules à l’oral, impossible de deviner que c’était une Brume spéciale dont il parlait ! Émile ne fit même pas attention à l’ambigüité, trop concentré sur le fait que ça volait, alors que pour lui, ça ne devrait pas. Quel mystère ! Sur Héra, il savait qu’il avait été fait un prototype d’aéronef fonctionnant à la vapeur d’eau (et c’était encore plus cher de faire un voyage dessus !), mais ce vaisseau-ci n’avait pas l’air d’utiliser ce genre de carburant ! Finalement, Émile décida de se lever quand même. Tout avait l’air plutôt stable, pas de risque de se casser la figure, hein ? Il s’approcha des deux sièges à l’avant, observant les commandes du vaisseau avec curiosité. D’accord… c’était un peu trop compliqué pour lui.

« Vous savez à quoi servent tous ces boutons… ? » demanda-t-il.

Selphie devait savoir, si elle savait conduire ce vaisseau ! Et si elle ne savait pas… Une catastrophe serait sur le point d’arriver… Émile constata la présence d’un gros bouton rouge. Il avait l’air sacrément important, et c’était tentant d’appuyer dessus. Mais il ne faudrait mieux pas éjecter quelqu’un par erreur… Quoique… Emile se tourna vers Kida, faisant mine d’appuyer sur le bouton rouge et le fixant du regard et lui tirant la langue. Non, ce n’était pas très mature tout ça !