La livraison !

Visiblement, la dame ne leur demandait pas d’agir particulièrement, mais plutôt de se montrer prudent. Et elle décrivait même l’endroit où ils ne devaient absolument pas aller ! Si Vingt-deux aurait été ne serait-ce qu’un peu plus insolent, il aurait vu là une invitation à y aller à tout prix ! Il ne savait pas trop ce que pensait Joan de tout ça, est-ce qu’il irait voir, lui ? Et pour Castiel et Plum… Eh bien, s’ils voulaient aller voir et jouer les courageux, qu’ils y allaient, mais tous seuls ! Non parce que, Vingt-deux resterait avec Joan et ne viendrait pas les aider !!

En tout cas, la dame leur avait dit qu’ils pouvaient rester ici pour la nuit, et qu’ils pouvaient se permettre aussi de prendre un repas ! Qui était bien mérité, après leur journée ! Surtout qu’ils n’avaient même rien eu pour midi… La femme les libéra donc enfin, mais, avant de pouvoir faire ce qu’ils voulaient, ils devaient encore passer chez quelqu’un pour faire le portrait-robot de la femme de la forêt… Ils reprirent donc l’ascenseur et se retrouvèrent au rez-de-chaussée, où l’un des collègues de la dame les attendait. Celui-ci les invita à se rendre dans un coin tranquille à l’extérieur du bâtiment, qu’il appelait cet endroit "campus", en tout cas, c’était joli, il y avait de la verdure ! … Mais, du coup, il n’avait pas de bureau pour travailler, lui ? Il avait tout ramené avec lui ! Ou c’était pour se rendre dans un endroit tranquille pour les mettre en confiance…

Il interrogea donc Joan et Vingt-deux sur l’apparence de cette femme, et ils purent – enfin, le petit mage l’espérait quand même ! – lui donner assez d’informations précises pour que tous puissent s’imaginer la femme de la forêt parfaitement, sans qu’eux ne l’ait vue ! L’autre les remercia alors et, avant de repartir, leur indiqua qu’ils pouvaient se rendre dans le réfectoire dans une heure pour le repas – qui visiblement n’était pas encore prêt, mince alors, le Mage Noir avait faim ! – pour patienter, il leur proposait de, soit, aller à la bibliothèque pour lire, soit d’aller visiter la faculté, en leur indiquant de ne pas trop déranger les étudiants qui pourraient être en train de réviser ! Puis, quand il fut parti, Vingt-deux lança à Joan :

« C’est quoi ce mot bizarre, "réfectoire"… ? et "faculté" ?? »

Lui ne pouvait pas rester dans cet endroit et y étudier ! Il y avait bien trop de mots bizarres, et puis… Un Mage Noir ici, ça ne devait pas vraiment le faire… Bon, du coup, que faire en attendant que l’heure pour manger n’arrive ?! Vingt-deux n’avait pas vraiment envie de visiter l’endroit, surtout qu’il y avait tout de même quelques étudiants ici et là, qui pouvaient le regarder à chaque instant !! Le petit mage restait sûr qu’ils voulaient l’attraper et le voir de plus près… Pour l’étudier ! C’était ce que ça faisait, des étudiants !! Et quant à la bibliothèque… Ça n’intéressait pas Vingt-deux, il ne pouvait de toute façon pas lire l’écriture de Dol… !

« Euh… est-ce qu’on peut déjà aller à l’endroit où on va manger… ? » demanda-t-il alors. « Euh… On sera plus tranquille ! »

Et, en plus, quand ils commenceront à servir à manger, ils pourraient être les premiers et pas besoin de faire la queue ! Enfin, ça le Mage Noir ne le savait pas, il n’était pas familier des cantines, mais c’était tout de même important à préciser !

Joan expliqua à Vingt-deux ce qu’il ne comprenait pas… Et, du coup, c’était bien plus facile de comprendre, comme ça ! Pour une fois que le jeune homme expliquait correctement quelque chose… ! N’empêche, quelle idée d’utiliser des mots compliqués pour désigner des trucs simples, aussi ! Ils se rendirent donc tous dans ce fameux "réfectoire", d’où on accédait depuis le grand hall circulaire. Pour l’instant, il n’y avait pas grand monde. Mais, même si l’endroit n’était pas bien rempli, les quelques personnes qui s’y trouvaient s’étaient tournés vers les nouveaux venus et les regardaient avec curiosité… Le Mage Noir n’aimait pas ça du tout ! Ils ne pouvaient pas s’occuper de leurs affaires, plutôt ? Ils devaient pourtant avec des choses à faire ! Du genre, manger leur repas ! Au lieu de les observer comme s’ils étaient des animaux qu’ils n’avaient jamais vus…

Ils s’assirent à une table et Joan partit chercher le repas pour tout le monde… Vingt-deux se serait contenté de le fixer jusqu’à ce qu’il revienne, mais soudain, des filles surgirent de nulle part pour venir les embêter ! Qu’est-ce qui n’allait pas avec elles ?! Elles se permettaient de le toucher, là, et le petit mage n’aimait pas du tout ça ! Mais il n’osa pas trop réagir – et puis, avouons-le, cramer ces dames, ce n’était pas forcément la meilleure des idées ! – et, du coup, il se contentait de leur lancer un regard qui indiquait que leur présence le frustrait... ! Mais elles ne paraissaient pas y faire attention, voulant prendre une "photo"… Encore un truc bizarre que Vingt-deux ne connaissait pas ! Finalement, elles se firent congédier par Castiel, qui ne semblait pas apprécier leur présence, non plus ! Si le Mage Noir avait été un chat, il aurait sûrement fait le gros dos, les poils hérissés, tellement que l’avait frustré… !

Joan revint avec le repas, il paraissait content… Vingt-deux lui lança un regard bizarre ; s’il avait été là quand les filles les embêtaient, il n’aurait pas été aussi content… ! Le petit mage attrapa timidement une des assiettes et commença à manger sans attendre, c’est qu’il avait faim ! En même temps, le jeune homme leur dit qu’ils avaient le droit à des chambres pour la nuit, et paraissait particulièrement ravi de tout ça ! D’accord, c’était super, comme il le disait ! Mais…

« Y… y a plein de gens… » marmonna Vingt-deux. « Et en plus ils me regardent tous ! »

En tout cas, il avait presque fini son assiette, déjà ! Puisqu’on disait qu’il avait faim… Puis il remarqua que Castiel ne mangeait rien ! Il ne voulait pas ? Il n’avait pas faim ? Oh ! Peut-être qu’il n’avait pas le droit !! Le petit mage hésita à lui donner le petit reste qu’il y avait encore dans son assiette, il pourrait le manger alors ! Mais, alors qu’il allait poser la question à l’homme s’il voulait ses restes ou non, mais, soudain, un groupe de garçons s’amena par-là et Vingt-deux resta muet ! L’un des gaillards donna une grosse tape dans le dos de Castiel…

« Alors comme ça, vous êtes nouveaux ici, les bizarres ? » Vingt-deux n’appréciait vraiment pas ce surnom ! « Ça vous dirait, une petit partie de Triple Triad après mangé ? »

Mmmh… Ce n’était pas un jeu de cartes, ça, par hasard ? Le Mage Noir se souvint de ce qu’il s’était passé la dernière fois qu’il avait essayé de jouer avec des cartes, et ça ne l’enchantait pas du tout ! En plus, l’autre type faisait un clin d’œil suspect… Ça n’inspirait décidément pas confiance au petit mage ! Ce dernier reposa doucement sa fourchette qu’il tenait encore, en évitant au maximum de faire du bruit lorsqu’elle entra en contact avec l’assiette… Les garçons tentaient de convaincre le petit groupe attablé par tous les moyens, et le premier type qui avait pris la parole – qui semblait être le chef du groupe – reprit :

« Allez ça sera fun ! Et si jamais y en a un qui connait pas les règles, on lui expliquera ça ! »

Rien ne garantisse que même avec les explications, celui qui ne connaissait pas les règles sache ensuite jouer…

« Et j’vous jure que vous avez rien à craindre de nous, si c’est ce qui vous inquiète ! Surtout que quelqu’un a déjà accepté de se joindre à nous ! »

Il regarda autour de lui, cherchant ce fameux quelqu’un… Puis, il agrippa une personne qui regardait en direction de leur table, et la ramena à ses côté avec force ! Vu la tête de cette personne, Vingt-deux doutait que c’était réellement quelqu’un qui avait accepté de se joindre à eux…

« Le voilà d’ailleurs ! Il viendra jouer avec nous tout à l’heure ! »

Le regard de la personne se posait tour à tour sur le gaillard, sur Vingt-deux, sur le gaillard, sur Vingt-deux… avant de finalement prendre la parole :

« Euh… Non ?
- Oh, mais allez ! Je suis sûr que tu veux venir jouer avec nous, ET avec les bizarres ! Tu fais que les regarder depuis qu’ils sont rentrés là ! »

L’autre fronça les sourcils en lançant un regard noir au garçon…

« … Certes, mais…
- Alors, c’est d’accord ! » le gaillard avait donné une de ces tapes dans le dos de l’autre, qui l’avait coupé net dans sa phrase et était à présent parti dans une quinte de toux. « Rendez-vous après le dîner dans les dortoirs ! »

Et le groupe des garçons les laissa en plan, ils étaient repartis en rigolant… Laissant les attablés à leur triste sort ! Et l’autre personne qui se remettait à peine de la tape dans le dos… Vingt-deux la fixait, et c’était bizarre ! Il avait comme une impression de déjà-vu… Bah, il devait être fatigué… L’autre les regarda d’un air bizarre, comme s’il était intimidé, et fixait surtout Vingt-deux… Puis il soupira en haussant les épaules, marmonnant en même temps :

« Mais dans quoi je m’embarque encore… »

Avant de s’éloigner en laissant un dernier regard en direction de la table… Le Mage Noir, perplexe, le regarda partir, avant de tourner son regard vers Joan… Il attendait toujours son avis à lui ! Il devait sûrement trouver tout ça bizarre, lui aussi !

« On sera plus tranquille », qu’il avait dit pour convaincre tout le monde d’aller à la cafétéria ! Mais il avait eu tort… Ils auraient dû rester dehors ! Au moins il n’y aurait pas eu ces gars bizarres qui veulent faire des jeux de carte avec eux ! De toute façon, ils avaient l’air tellement louche ; bien sûr que le petit groupe ne les suivrait jamais ! Enfin, c’était ce que Vingt-deux pensait, mais avait que Joan propose d’y aller ! Mais, enfin ?! Il n’avait pas remarqué qu’ils étaient suspects ?! D’accord, le jeune homme savait jouer aux cartes, mais… Le petit mage se disait que les garçons ne devaient sûrement pas vouloir que jouer aux cartes ! Ils étaient bien trop louches pour ça ! Mais il ne dit rien, il se contenta de regarder Joan, l’air un peu inquiet. Castiel et Plum n’avaient pas non plus l’air d’accord avec cette idée, pour une fois que Vingt-deux était d’accord avec eux !

Malgré les trois sceptiques, ils se rendirent tout de même aux dortoirs. Vingt-deux espéra que le groupe de jeunes ne soit pas là… ! Hélas, ils les attendaient déjà, et le Mage Noir les entendant ricaner. Quels mauvais coups préparaient-ils donc ?! Alors qu’ils étaient à peine arrivés, l’autre étudiant s’était ramené comme une fleur… Vingt-deux le voyait qu’il continuait de jeter des regards vers lui, et ça le mettait encore plus mal à l’aise qu’il ne l’était ! Puis le chef des garçons prit la parole…

« Vous êtes venus, c’est cool ! C’est que vous nous faîtes confiance ! »

Le petit mage se retint de dire que ce n’était pas du tout le cas ! De toute façon, s’ils tentaient quoi que ce soit, il n’hésitera pas à les cramer ! Et ils ne viendront pas se plaindre ensuite, si tout le bâtiment brûlerait ! Ce ne sera pas sa faute, d’abord ! Le gaillard les invita à entrer dans l’une des chambres ; par terre, c’était le bazar ! Il y avait des papiers partout, et tellement de miettes qu’on ne pouvait pas faire un pas sans que ça ne croustillait sous les pieds ! Et sur les murs, il y avait des posters qui représentaient des dames pas très habillées… Alors que Vingt-deux les fixait sans trop savoir quoi en penser, il sentit qu’on l’attrapait doucement par les épaules et il s’effraya.

« Je pense que tu es bien trop jeune pour ça… »

C’était l’autre qui n’était pas avec le groupe de garçons, il souriait à Vingt-deux d’une façon que celui-ci ne trouvait pas rassurante ! Puis il se fit gentiment retourner et reconduire auprès des autres. C’était si mal de regarder ces papiers accrochés aux murs… ? Le gaillard leur indiqua de s’assoir par terre – il essuya vite fait le sol, planquant les miettes et les paquets de nourriture vides sous un des lits – puis dit :

« Bon alors, qui connait les règles et qui ne les connait pas, pour voir à qui je les explique ? »

Voyant la mine de Vingt-deux, il se mit en tête d’essayer de lui expliquer les règles du Triple Triad ! Mais, rien à faire, le petit mage n’y comprenait rien… Le gaillard envoya l’un de ses gars pour qu’il tente à son tour d’expliquer les règles à Vingt-deux ! Mais, non, rien n’y faisait… Le gars, frustré, lui balança un papier, où seraient – soit disant – écrites les règles, à la figure du petit mage, en lui disant de se débrouiller avec ça. Vingt-deux regarda le papier avec effroi…

« Bah c’est quoi cette tête ? » lança l’un des garçons. « Tu sais pas lire ou quoi ? »

Le Mage Noir se raidit et fixa le gars, l’air complètement paniqué.

« Moi ? Euh… Eh ben, je…
- C’est l’écriture de ce monde qui est différente du sien. » lança l’autre personne.

Vingt-deux la voyait foudroyer le garçon du regard ! Ce dernier ne parut nullement désolé d’avoir mis le petit mage dans un état pareil.

« Il a qu’à nous regarder jouer, il finira bien par apprendre comme ça… » soupira-t-il au bout d’un moment.

Ah, oui, c’était mieux ça ! Il n’avait pas d’effort à fournir dans ce cas-là !

« Qui veut jouer en premier ? Toi ? » lança le gaillard, en pointant Joan du doigt. « Tu paries combien sur ta victoire ? »

Voilà qu’ils pariaient des trucs ! Vingt-deux se dit qu’il ne jouerait pas ! Il perdrait forcément, de toute façon ! Et il ne voulait sûrement pas perdre les trucs qu’il pariait ! Plus loin un gars marmonna quelque chose que le Mage Noir entendit pourtant bien !

« Moi, j’aime pas parier des trucs. Je préfère faire des strips Triple Triad ! »

À côté du gars, l’autre personne, qui fronçait les sourcils, perplexe. Puis, ce même gars donna un coup de coude à Plum et se pencha vers lui…

« On fera une partie après, juste toi et moi ? »

L’autre l’empoigna par le col et le tira pour l’éloigner de Plum.

« Laisse-le, ce n’est qu’un enfant !
- Wouah, mais j’ai rien fait c’est bon ! Me regarde pas avec tes yeux noirs là, tu m’fais flipper… »

L’autre le lâcha comme à contrecœur. Il avait eu l’air d’avoir envie de lui en coller une…

Alors que le gaillard voulait toujours jouer avec Joan, l’un des garçons, tout fier, avait sorti une bouteille de nulle part…

« L’autre jour, y a eu un voyageur ici, il en transportait tout un tas. Je lui en ai emprunté une, avec tout ce qu’il avait ça lui manquera pas ! »

Vingt-deux se demanda à ce moment-là si son compagnon aurait fait pareil… Voilà que le gars proposait à tout le monde de boire un coup ! Le Mage Noir n’avait pas confiance, il dû refuser plusieurs fois avant que le gars abandonne… Puis il donna la bouteille à son pote assis à côté de Plum, et voilà qu’il invita le petit à boire ! Ce qui attira les foudres de l’autre à côté…

« Ce ne serait pas de l’alcool ?
- Si ?
- Et tu comptes en donner à un enfant ? Déjà que l’idée en soit ne me semble pas très légale, en plus dans ce genre d’établissement ? Qu’est-ce qu’on penserait de vous si on découvrait ce que vo-
- Tu le veux ton gosse ?! Attrape-le pour voir ! »

Le gars avait posé la bouteille, puis avait empoigné Plum pour le balancer sur la personne, histoire de la faire s’arrêter de parler ! Vingt-deux se recula, se disant que ça risquait de pas bien se finir et il préférait rester le plus loin possible !

Vingt-deux avait bien eu raison de se reculer ! Il s’était ratatiné dans un coin et regardait la scène sans oser intervenir… Il était terrorisé après avoir vu l’un des garçons s’évanouir alors que Castiel n’avait rien fait d’autre que poser sa main sur sa tête ! Le petit mage en venait même à se demander s’il était encore vivant ? De là où il était, il ne le voyait pas respirer… Il  n’avait même pas osé bouger non plus, lorsqu’ils s’étaient attaqués à Joan… À présent, tous les autres garçons de la bande s’étaient enfuis, il ne restait dans la chambre plus qu’eux, le garçon évanoui, et celui aux yeux noirs, qui regardait en direction de Castiel d’un air terrifié, et qui serrait Plum dans ses bras depuis qu’on lui avait envoyé dessus, et il ne paraissait pas déterminé à le lâcher…

Enfin Vingt-deux se risqua à se lever et s’approcher de Joan, tout tremblant, mais s’arrêta net lorsqu’il vit que Castiel avait posé sa main sur sa tête… Le Mage Noir poussa un cri de terreur, secoua la tête pour dégager la main de Castiel et voulut courir se cacher derrière Joan, mais il trébucha et se vautra par terre avant d’y arriver… Il se releva et remarqua à ce moment-là que des gens s’étaient amassés devant la porte de la chambre. Il faut dire qu’avec tout le bazar qu’ils avaient fait, ça aurait été étonnant que personne ne vienne voir… L’homme qui tenait Plum, qui était encore par terre, se releva tout en aidant le petit à faire de même. Quelqu’un qui semblait être plus âgé que les étudiants se fraya un passage jusque dans la chambre.

« Vous ne seriez pas ce groupe qui vient de Balamb et qui a demandé à passer la nuit ici… ? » demanda ce qui était sûrement un surveillant. Puis il regarda en direction de l’autre homme. « … et vous qui êtes venu du portail et avait demandé de rester ici jusqu’à ce que le jour se lève… C’est bizarre, mais ça ne m’étonne pas que ce soit vous qui vous retrouviez dans cette chambre… Que s’est-il passé cette fois ? Ils vous ont invité à jouer aux cartes… ? »

Les étudiants à la porte se mirent à tous parler entre eux et se créa ainsi un brouhaha… Ce fut celui qui ne se décidait toujours pas à lâcher Plum qui prit la parole :

« C’est ça, oui… Ils ont essayé de nous faire boire ça. » Il montra la bouteille d’alcool, qui était tombée au sol avec ce qui s’était passé, elle s’était brisée et tout son contenu était à présent déversé sur le sol. « Puis l’un a agressé le petit, d’autres se sont attaqués au jeune homme, et ils se sont enfuis quand nous nous sommes défendus… »

Le surveillant regardait un peu partout dans la chambre, fixa chacune des personnes présentes, avant de s’arrêter sur le garçon évanoui.

« Que lui est-il arrivé ?
- C’est… celui qui a attaqué le petit. En fait… » Son regard glissa vers la gauche, comme s’il cherchait ses mots… « Je l’ai peut-être cogné un peu trop fort en voulant le défendre… »

Vingt-deux, qui s’était enfin caché derrière Joan, regarda bizarrement en direction de la personne, et risqua un regard vers Castiel. Pourtant, non ! C’était ce dernier qui avait mis le garçon dans cet état-là ! Pourquoi il ne disait pas la vérité, d’abord ?! Tout le monde devrait savoir qu’il est dangereux, quand même ! Le surveillant ne dit rien après ça, se contenta de fixer le garçon toujours évanoui…

« Bon bon… On le ramènera à l’infirmerie, lui. Il faudrait que quelqu’un vienne avec moi, pour raconter en détail ce qu’il s’est passé… Et que quelqu’un retrouve les étudiants qui étaient dans cette chambre ! »

Quelques-unes des personnes à la porte se portèrent volontaires pour les retrouver. D’autres embarquèrent le garçon évanoui pour l’emmener à l’infirmerie sans doute. L’homme aux yeux noirs se proposa pour suivre le surveillant et, avant cela, il se mit à la hauteur de Plum.

« Ça va aller, toi ? Je ne vais pas te garder plus longtemps et te rendre à ton père… » lança-t-il avec un rire gêné.

Puis il le conduit tranquillement vers Castiel, et s’en alla en suivant le surveillant. Bizarrement, Vingt-deux n’appréciait pas tellement que cet inconnu s’occupe plus de Plum que de lui. La plupart des étudiants à la porte étaient partis, seuls quelques-uns étaient là et bavardaient encore…

« Ça m’étonne qu’il n’ait pas demandé à tout le monde de venir avec lui ? Ce n’est pas ce qu’on fait, d’habitude ?
- Peut-être qu’il voulait laisser un peu de repos aux petits là !
- Et si on les emmenait ailleurs où c’est calme ? Dans la bibliothèque !
- Tu crois que Grégory et sa clique font s’en sortir cette fois ?
- Y a pas intérêt !
- Une fois ils m’ont pris toutes mes affaires… Et même mon goûter à la pause…
- Avec tout ce qu’ils ont fait, moi j’vous l’dis, ils vont se prendre un bon gros conseil de discipline à la figure et font se faire virer !
- J’espère qu’ils font l’afficher en bien gros, que tout le monde sache qu’ils se sont faits enfin virés !
- Bon, euh, c’est pas tout ça, mais on avait pas dit qu’on les emmenait à la biblio ? »

Ils se tournèrent tous comme une seule personne en direction de Joan, Castiel, Plum et Vingt-deux… Ce dernier s’agrippa encore plus au jeune homme.

« Allez, venez ! On a un coin avec des poufs à la biblio, vous pourrez vous installer là-bas !
- Et on vous paye un chocolat chaud à tous ! Et y a aussi une machine avec des gâteaux et des bonbons dedans si vous voulez…
- Mmmh des gâteaux… Je pourrais m’en prendre pour moi aussi…
- Est-ce que tu penses parfois à d’autres choses qu’à manger… ? »

Ils emmenèrent donc le petit groupe, sans vraiment leur demander leur avis, dans la bibliothèque… Il y avait effectivement un coin confortable avec des fauteuils, et ils les firent s’installer ici. Certains partirent chercher de quoi boire et manger pour chouchouter leurs quatre protégés… Puis l’un d’eux revint plus rapidement que les autres, l’air frustré.

« J’ai voulu me prendre un café mais la machine m’a filé que de l’eau chaude…
- Toujours ça ! … Attends, Stik, pourquoi tu voulais un café ? On va se coucher bientôt…
- Après on s’étonne que tu sois toujours nerveux… »

Puis les autres revinrent et apportèrent de quoi boire et manger pour tout le monde ! Et personne n’eut droit à seulement de l’eau chaude, sauf le malheureux Stik…

« On est désolés pour l’histoire avec Grégory… » s’excusa l’une des filles. « Ils nous ont tous fait quelque chose à nous. On aimerait bien qu’ils soient virés une fois pour toute…
- Même des fois qu’on les signalait, ça changeait rien ! Apparemment c’était pas grave pfff… » lança l’autre fille. «  Au fait, ce serait bien de nous présenter non ? Moi c’est Jade ! Et elle c’est Gabrielle ! Et lui avec son air sérieux c’est Francis ! Et celui qui mange tout le temps, c’est Salomon ! Et le nerveux avec son eau chaude, c’est Hans ! Mais on l’appelle par son nom de famille, Stik, parce que ça fait vraiment plus nerveux que Hans ! »

Ils s’assirent ensuite tous sur des fauteuils…

« Qu’est-ce qui vous amène ici au fait ? » demanda Francis. « J’ai vaguement entendu que vous veniez de Balamb, mais…
- J’espère que vous trouvez cet endroit bien ! » c’était Gabrielle qui venait de couper la parole à l’autre… « Même avec ce qui s’est passé maintenant…
- Maaaais le petit tout noir avec le chapeau, il vient d’où ? Il est trooooop mignon !! On dirait une grosse poupée je peux lui faire un câlin ? »

Vingt-deux se ratatina dans son fauteuil, son gobelet de chocolat chaud à la main qu’il n’osait pas boire parce que… c’était du chocolat… Il n’avait même pas eu son mot à dire dans cette histoire ! S’il avait pu choisir, il aurait demandé un thé au citron ! Et il était certain qu’il n’aurait pas reçu que de l’eau. Le thé au citron, ça fonctionnait toujours… !

Jade affichait à présent une mine déçue, elle qui mourrait d’envie de câliner cette grosse peluche ! Vingt-deux fut bien content que Joan le débarrasse de son chocolat chaud, il prit alors le paquet de bonbons que lui tendait le jeune homme. Perplexe, il en prit un, le mangea, et fit une drôle de tête ! Mais qu’est-ce que c’était que ce goût bizarre ! D’accord, ce n’était pas vraiment mauvais, mais tout de même ! Ça l’avait surpris !

« Oooh ! Il a fait la grimace ! » s’écria d’un coup Jade. « Il est trop choupi ! Gouzi gouzi ! »

Voilà que, n’y tenant plus, elle s’était avancée vers le petit mage et lui avait attrapé les joues, comme ça, sans demander ! Vingt-deux afficha une mine boudeuse, en lâchant en même temps un "maieuuuuh" de protestation, qui fit plus rire Jade qu’autre chose ! Puis le temps passa, pendant lequel le Mage Noir n’avait presque rien dit et avait subi l’affection de Jade sans chercher à la cramer ! Ce n’était de toute façon pas poli… Ils retournèrent alors dans le couloir des dortoirs, Vingt-deux s’attendait à nouveau de croiser les méchants garçons… Heureusement, ce ne fut pas le cas. Ils s’étaient bel et bien enfuis ! Castiel, Plum, Francis, Salomon et Hans étaient déjà partis dans leur chambre respective… Vingt-deux regardait Joan avec tristesse, il ne voulait pas dormir dans une chambre à part ! Il ne savait pas ce qu’il pourrait arriver cette nuit… Mais il ne put rien échanger avec Joan, voilà que Jade entraîna le petit mage dans la chambre !

« Je suis pas encore fatiguée moi ! Et je veux apprendre plein de trucs sur toi !! » lança-t-elle, l’air ravie. Puis, elle regarda Joan… « T’inquiètes, hein ! Je vais rien lui faire ! Il est trop mignon ça se fait pas… »

Puis elle referma la porte derrière elle, et Vingt-deux ne pouvait à présent plus voir Joan. Et il en était très triste… Apparemment, la fille avait vu l’air qu’affichait le Mage Noir, et elle parut désemparée !

« Oh non, je t’ai rendu triste ? Je voulais pas du tout faire ça, je te jure ! Attends, je vais te montrer un truc pour te réconforter ! »

Elle fouilla dans ses poches et en sortit une image, où il y avait elle et ses amis dans la cafétéria, et elle avait la tête dans son plat…

« C’était juste avant les examens ! J’avais passé toute la nuit à réviser, et à midi, BAM ! Je me suis endormie dans mon repas ! »

Vingt-deux hochait la tête, l’air perplexe.

« Mince alors, tu parles peut-être pas ?
- S-si…
- Oooh ! Mais ta voix aussi elle est trop choupie ! »

Le Mage Noir commençait à se sentir terriblement gêné, mais il n’osait pas demander à la fille de partir…

« Donc tu viens d’Héra, c’est ça ? » s’enquit Jade. « Ça doit être génial là-bas, non ? Un jour, je viendrais visiter, et je prendrais plein de photos ! » Vingt-deux n’osa pas non plus demander ce que c’était que des photos. « Y a en a plusieurs des commes toi ? Est-ce qu’on peut vous adopter si vous êtes tous aussi mignons ?! Ah euh ! Tu as quel âge au fait ? »

Le petit mage la regarda, l’air las. Il voulait aller dormir…

« Je… Je sais pas…
- Quoi ? Tu sais pas ton âge ?? »

À ce moment-là, la porte s’ouvrit et Francis fit son apparition…

« Jade, est-ce que tu pourrais aller te coucher ? On t’entend dans tout le couloir, c’est abominable…
- Mais ! Je voulais en apprendre plus sur lui…
- Ce n’est pas en l’embêtant comme ça que tu vas réussir ! Regarde-le, il est terrorisé, tu es trop fofolle…
- Pfff ! Même pas vrai ! »

Jade s’en alla en boudant… Francis regarda Vingt-deux, l’air désolé.

« Ne fais pas attention à elle, elle est toujours comme ça, elle se sera remise d’ici demain… Allez ! Bonne nuit ! »

Et il referma la porte, et le calme revint. Enfin !

Vingt-deux se déchaussa, enleva son chapeau, et se coucha comme ça, sans en faire plus. Il espérait que le sommeil viendrait rapidement, mais non… Il entendait tous les bruits des dortoirs ! Certains étudiants chuchotaient au lieu de dormir… Si seulement ils pouvaient faire un peu moins de bruit ! Puis, le petit mage se figea. Il avait cru entendre la porte de la chambre se rouvrir… Et maintenant, il entendait des légers bruits de pas s’approcher de lui ! Il n’osait pas se retourner… Peut-être que s’il faisait semblant de dormir, la personne qui était entrée allait repartir ?

« Vingt-deux, je sais que tu ne dors pas. »

Il reconnut aussitôt cette voix et cessa presque de respirer. À présent, il était terrorisé…

« Lève-toi. On y va. »

Le petit mage gémit et s’agrippa à sa couverture.

« Vingt-deux, s’il te plait… Tu vois bien que tu n’es pas à ta place, ici. Tu ne peux pas faire confiance à tous ces gens. Allez, viens avec moi, tu seras en sécurité… »

Cette fois-ci, il se retourna, pour tomber nez-à-nez avec l’homme aux yeux noirs, qui lui disait quand même bien quelque chose…

« Mais vous, je vous connais pas ! » protesta-t-il. « Je vais pas vous faire confiance comme ça !
- C’est juste parce que tu ne te souviens pas de moi… À cause de… Leen… » Même dans l’obscurité, Vingt-deux put voir qu’il n’était pas ravi de prononcer ce nom.
« D-Du coup… C’est vous Eden… ?
- Oui… ? Où as-tu eu ce nom ?
- Un Tomberry…
- Ah, lui… »

L’autre s’avança pour attraper le petit mage, mais ce dernier eut un mouvement de recul. Il n’était pas question que cette personne l’embarque !

« À ce que je vois tu ne me laisses pas le choix… »

Vingt-deux remarqua alors qu’il tenait dans une main de quoi attacher quelqu’un… Il se prépara à lancer un sort, tant pis s’il faisait tout brûler !

« Je veux pas venir avec vous ! Laissez-moi tranquille ! » s’écria-t-il, il espérait que quelqu’un l’entendrait…
« Je ne te donne pas le choix, Vingt-deux ! »

Eden l’attrapa et plaça une de ses mains sur la bouche du Mage Noir, l’interdisant ainsi d’envoyer un sort… Il se fit ensuite bâillonner, ses mains furent attachées, la seule chose qu’il pouvait faire à présent, c’était couiner et pleurer...

« S’il te plait Trésor, ne pleure pas… Je n’aime pas quand tu es dans cet état… Et c’est en plus ma faute… »

Il paraissait sincèrement désolé, mais ce n’était pas ça qui allait empêcher Vingt-deux de cesser de pleurer !

« Ne t’inquiètes pas, je veux juste t’éloigner loin d’ici, loin de ces gens avec qui tu étais… Je pourrais répondre à toutes tes questions une fois qu’on sera sortis… »

Et quitter Joan ?! Jamais ! Vingt-deux tenta de résister, mais l’autre le tenait fermement et le tirait hors de la chambre sans trop de difficultés. Le petit mage se remit à gémir et ses pleurs redoublèrent, il espérait vraiment que quelqu’un allait s’interposer et les empêcher de continuer leur chemin ! N’importe qui, tant qu’il aidait Vingt-deux ! Et celui-ci le récompensera d’un gros câlin ! Et il ne le lâchera plus avant qu’il ne soit en sécurité !

Vingt-deux avait bien fait de gémir comme ça, il avait réveillé Castiel – est-ce qu’il dormait au moins, déjà ? – et il s’était interposé ! Et même Joan était venu, ils allaient bien pouvoir aider le petit mage ! Quant à Eden, il n’avait pas l’air franchement rassuré de voir que c’était Castiel qui avait décidé de s’interposer ! Et il allait avoir du mal à sortir une excuse pour justifier pourquoi il embarquait Vingt-deux comme ça ! Avant qu’il n’ait pu trouver quoi que ce soit à dire, Castiel lui fit la même chose qu’à l’étudiant dans la chambre, et le Mage Noir fut bien content de se faire libérer par Joan ! Il se colla à lui en tremblant – et ça ne le dérangeait pas particulièrement qu’il soit moins habillé que d’habitude… ! – et n’était plus déterminé à le lâcher !

« Ç-Ça va, i-il m’a rien fait… » gémit Vingt-deux en regardant en direction d’Eden…

Il était juste évanoui, hein ? Castiel l’avait laissé en vie, non ? Le petit mage ne s’occupait même pas de la présence de Plum, alors qu’il l’énervait, d’habitude ! Il était tellement perturbé par ce qui venait de se passer… Finalement, ils décidèrent d’interroger l’homme lorsqu’il se réveillera, et pour l’instant, Castiel l’amena dans l’une des chambres, et Joan l’attacha sur une chaise ! Il ne restait plus qu’à attendre qu’il revienne à lui, donc… Vingt-deux prit la parole :

« C-C’est le… la personne qui me manipule ! E… Eden… »

C’était quand même un hasard qu’ils se retrouvent pile au même endroit ! Même si Vingt-deux n’était pas particulièrement discret, il suffisait de demander à des gens s’ils n’avaient pas vu un petit bonhomme noir avec des yeux jaunes portant un chapeau pointu et il y avait des chances que ce n’était pas un autre Mage Noir ! Ils étaient tous plus grands que lui… Enfin, à présent, ils devaient attendre qu’Eden se réveille… Et ça pouvait risquer de durer longtemps ! Vingt-deux, maintenant bien fatigué et remis de sa frayeur, s’endormit rapidement contre Joan, on le réveillera bien quand il sera temps !

Il finit par se réveiller tout seul, il ne savait pas combien de temps il s’était passé, mais il faisait encore nuit… Décidément, elle était interminable, cette nuit ! Il remarqua ensuite qu’Eden bougeait, il avait l’air de se réveiller enfin ! L’homme ouvrit les yeux, l’air patraque, releva doucement la tête pour regarder tout le monde tour à tour… Avant de refaire tomber sa tête, l’air las et soupirant.

« C’était exactement ce que je ne voulais pas qu’il arrive… » marmonna-t-il alors.

Il gardait la tête basse après ça, continuant d’observer tout le monde, même s’il s’attardait en particulier sur Castiel et Vingt-deux. Il n’avait pas l’air de vraiment apprécier la position dans laquelle il était, eh bien tant pis pour lui ! Il n’avait qu’à pas vouloir kidnapper le petit mage ! Celui-ci prit finalement son courage à deux mains et lança :

« P-Pourquoi vous voulez m’enlever comme ça ?! Et… Et pourquoi vous me manipuler pour… pour tuer des gens ! Et… et… »

Vingt-deux s’arrêta lorsqu’il dit qu’Eden affichait un demi-sourire un peu flippant… Est-ce qu’il allait le regarder comme ça longtemps sans répondre ? Ça faisait bien trop peur ! Mais l’homme cessa un instant de regarder le Mage Noir pour relever la tête en direction de Castiel.

« Rossignol… » Est-ce qu’il allait donner des surnoms à tout le monde ? « Tu réalises que ce que tu as fait avant, c’était risqué ? … Si je peux manipuler Vingt-deux… C’est qu’il y a forcément une raison. » Puis il tourna lentement la tête en direction du petit mage, qui s’agrippa à Joan… « C’est un peu comme si j’étais lié à lui. Tant que je reste en vie, lui aussi… »

Quoi, mais du coup, si Castiel l’avait tué avant, Vingt-deux aussi serait mort ?! Ce n’était pas particulièrement rassurant… Eden paraissait satisfait de la panique qu’il avait provoqué chez le petit mage, il gardait sa tête relevée maintenant, et affichait un air arrogant. Même s’il était encore à demi dans les vapes, et avait du mal à garder sa tête droite. Ça ne l’empêchait visiblement pas d’afficher un de ces sourires flippants qui donnait envie à Vingt-deux de se cacher sous terre !

« Et n’est-ce pas évident ? Tu as bien vu avec qui tu étais, Vingt-deux ? » Il fit un signe de tête en direction de Castiel. « Tu as bien vu de quoi il était capable, non ? Et tu voudrais vraiment rester avec lui ? »

C’était vrai que le petit mage n’était pas particulièrement rassuré par la présence de Castiel, à chaque fois… Mais est-ce que c’était une bonne raison pour s’en aller loin de Joan ? Sûrement pas ! Vingt-deux se colla encore plus au jeune homme, Eden le remarqua bien et fronça les sourcils, l’air plutôt frustré…

« Ben… Même s’il me fait un peu peur… » dit Vingt-deux en lançant un regard vers Castiel… « Je préfère rester avec lui que vous ! »

Avec ces mots, il avait fait disparaître le sourire d’Eden. Et toc ! Ce dernier soupira à nouveau et leva les yeux vers le plafond, comme s’il était exaspéré du comportement de Vingt-deux…

« V-Vous m’avez pas dit pourquoi vous m’avez fait tuer des gens ! » reprit le Mage Noir.

Eden le regarda, hésitant. On dirait qu’il voulait dire quelque chose mais s’en empêchait vivement… Il se mordit les lèvres, avant de lancer, réaffichant un sourire :

« Et si vous me détachiez pour qu’on puisse discuter dans une position plus confortable ? » Puis son sourire s’effaça pour laisser place à un air plus sérieux. « Sincèrement, qu’est-ce que vous voulez que je vous fasse ? Au moindre faux pas, Rossignol m’assomme. Je n’ai pas raison ? » Il regardait à nouveau vers Castiel, puis reprit : « Si vous voulez vraiment être tranquilles, j’ai trois couteaux à ma ceinture, enlevez-les moi avant… »

Il semblait bien trop confiant aux yeux de Vingt-deux…

« Q-Qu’est-ce qui nous dit que… que vous allez pas me manipuler pour pouvoir partir tranquillement !
- Si seulement je pouvais le faire comme je le voulais… Je t’assure que je l’aurais déjà fait, sinon. En vérité, ce n’est que lorsque tu es énervé ou endormi que je peux te… manipuler, comme tu dis… » Puis il s’adressa aux autres. « Après, vous pouvez douter de ma sincérité, je ne vous en empêche pas… »

Il paraissait tellement sûr de lui… Ça ne donnait pas particulièrement envie à Vingt-deux de le détacher !

Castiel avait retiré ses couteaux à Eden, puis était parti hors de la chambre avec Joan et Plum, laissant Vingt-deux tout seul tandis que l’autre regardait en direction de la porte, l’air frustré. Faut dire qu’il n’avait plus ses armes mais qu’on l’avait quand même laissé attacher, c’était sûr que ça ne devait pas lui plaire du tout ! Le petit mage n’était pas vraiment tranquille là, qu’est-ce que faisaient-ils dans le couloir ? Ils n’avaient même rien dit en partant ! Puis, le Mage Noir entendit les voix de Joan et Castiel, et ce dernier n’avait pas l’air particulièrement content, il parlait même de laisser tomber Vingt-deux, comme ça ! Le petit mage lâcha un couinement, il était bien triste d’un coup… Il jeta un regard en direction d’Eden, qui fronçait les sourcils, et n’avait pas l’air vraiment content pas les discussions qu’on entendait dehors !

Quand ils revinrent dans la chambre – sans Plum – Vingt-deux les regarda tristement. Puis Castiel se décida à enfin détacher Eden, et apparemment, d’après ce qu’il disait, il n’hésiterait pas à le – "la" ? – tuer… Le petit mage lança un regard choqué en direction de Castiel… Il ne pouvait pas rester comme ça, là, il devait dire quelque chose !

« M-Mais… V-Vous feriez ça même… même si ça me tue aussi… ? » couina-t-il.
« Vingt-deux, tu étais censé me poser des questions… Seulement à moi… » lança Eden.

Mais le petit mage l’ignora complètement et continua de parler à Castiel.

« D-Du coup vous m’aimez pas, hein ? A-Avant vous me faisiez peur, l-là toujours m-mais… J-Je pensais que je pouvais vous faire confiance maintenant ! Mais c’était pas vrai… E-En fait vous êtes juste un méchant monstre et vous vous en fichez de tout le monde… Sauf de Joan et Plum… »

Vingt-deux s’était mis à pleurer, il secoua la tête, puis se précipita vers la porte pour l’ouvrir et détaler dans le couloir… Il n’alla même pas dans sa chambre et préféra se rendre à un endroit moins évident pour le retrouver. Il voulait rester seul pour pleurer dans son coin.

Pendant ce temps, Eden lançait un regard désobligeant à Castiel, tout en applaudissant ironiquement devant la situation qui venait d’avoir lieu. Elle n’avait même pas pris la peine de se lever de sa chaise, au passage…

« Ah oui, bravo… Et comment va-t-il pouvoir me demander des renseignements, maintenant ? » lâcha-t-elle d’un ton désagréable. « Blague à part, est-ce que c’est vraiment nécessaire que je rappelle que lui n’a rien fait de son plein gré ? » Puis elle regarda en direction de Joan. « Pour l’enfant à Tréno, c’était… une bête erreur de jugement… j’ai cru qu’il était une menace pour Vingt-deux… »

Eden regardait maintenant le sol en se taisant un instant, l’air comme perturbé, et mêlé d’un sentiment un peu indescriptible.

« Je n’ai jamais voulu que Vingt-deux tue ces gens. » ajouta-t-elle en relevant la tête.

Elle fixait à présent Castiel, les sourcils froncés et l’air méfiant, on ne savait jamais ce qu’il pouvait faire…

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