Correspondance ratée

Je sentais que Linoa était aussi mal à l'aise que moi. Enfin, c'était plus que ça, en fait, car si il m'était déjà arrivé de l'étreindre de cette manière, les circonstances faisaient qu'on ne savais pas ni l'un ni l'autre ce qui allait advenir de ce "et + si affinités". 



Einstein disait que le temps était relatif, mais, est-ce que ce n'était pas ses moments là qui étaient hors du temps, après tout ?

Tous les deux sous la couette, on était à mille lieux d'imaginer ça, quelques dizaines de minutes auparavant... 

Mon esprit se rattacha quelques instants à ce qu'il se passait et à ce qui nous entourait. Si Angel en avait profité pour profiter de l'air chaud de la salle de bain, la pièce était bel et bien déserte. La lumière, la musique, le lit, les affaires en désordre. Si quelqu'un faisait irruption dans la pièce, il n'y aurait aucun doute possible sur la constatation de ce qu'ils allaient faire... 

Je lui ai avoué mes sentiments, et ce, le plus naturellement possible... Je... Je saurais expliquer tout ce qui se déroulait dans ma tête à ce moment présent... 

J'avais l'impression que c'était tellement naturel, le fait de partager notre relation par cet échange physique, ce qui m'effrayait auparavant était l'inconnu, et Linoa m'avait encore fait découvrir quelque chose de nouveau. Comme si elle me rendait plus "humain". 

      Cette nuit, aucun cauchemar ne vint la perturber dans son sommeil. La demoiselle fut embêtée par son animal de compagnie au lever du soleil visible à travers les rideaux de la pièce. Son bras tendu jusqu'au bord du lit, l'animal en profita pour bouger celle-ci à l'aide de sa truffe froide et humide. Angel n'attendait qu'une chose, que sa maîtresse se leva pour aller la promener, car la promenade d'hier soir n'avait hélas pas pu se faire. Depuis tout ce temps elle avait attendu et maintenant elle avait bien l'intention de faire lever sa propriétaire. Le contact avec le museau froid de l'animal n'eut pas l'effet escompté, elle s'éveilla, encore dans les vapes, tourna son poignet afin de caresser la tête de l'animal avant de re-sombrer dans son sommeil. Angel réitéra à nouveau un coup de truffe suivi d'un coup de patte que Linoa attrapa pour le coup assez facilement. Toujours rien, mais sa maîtresse n'était plus endormie si profondément. La chienne continua jusqu'à ce que la demoiselle ouvrît les yeux sur son amie.

- J'arrive Angel, bredouilla-t-elle d'une voix enrouée par le sommeil.

      La jeune femme se mouva dans le lit et fit face à son compagnon, l'étreignit avant de se laisser une nouvelle fois happer par Morphée. Angel n'était pas d'accord, grimpant sur le lit pour faire comprendre à sa maîtresse qu'il était hors de question qu'elle se rendorme. Quelques coups de son museau froid dans son dos étaient la solution à tous ses problèmes. Sa maîtresse se retourna, toujours accaparée par la brume matinale dont elle était atteinte chaque matin dans sa tête. Attrapant la bête dans ses bras pour qu'elle cessa de l'embêter ainsi, même ligotée ainsi, Angel effectua quelques léchouilles sur le visage de la brune. Là, plus de doute, elle avait réussi son petit manège. Linoa laissa l'animal descendre du lit, une main passant sur son visage pour s'essuyer, de l'autre elle leva la couverture. Au départ elle trouva cela étonnant qu'il fasse aussi froid, mais dans la tenue qu'elle était aussi, c'était difficile de se retirer de la chaleur des couvertures et du corps de son compagnon.

      Les membres en coton, la demoiselle eut du mal à se lever. Les petits gémissements plaintifs de l'animal lui rappelèrent pourquoi elle devait se mettre debout. Après une recherche rapide, elle enfila ses vêtements où elle eut un peu de mal à retrouver. N'ayant aucune idée de l'heure précise, Linoa ne s'en inquiéta pas. Des trains directs pour Timber il y en aurait à moins qu'il n'y ait un problème sur le chemin de fer. Craignant qu'il ne fasse plus froid dehors, Linoa se pencha un instant sur la veste de Squall et l'enfila. Ce serait juste un petit empreint le temps de mettre le nez dehors, elle le lui rendrait à son retour. Avant de partir, elle s'assit un instant sur le lit et déposa un baiser sur le front de son compagnon.

- Je reviens vite, dit-elle près de son oreille avant de se diriger vers la porte.

      Le froid de l'extérieur, rien de mieux pour se réveiller. Ce matin, il y avait pas mal de vent provenant du littoral. On pouvait entendre dans la rue les sirènes de quelques bateaux qui s'en allaient au large pour pêcher. Angel paraissait décidée à faire un long tour et Linoa n'allait pas l'en priver car après tout s'il n'y avait que ça pour faire plaisir à Angel. Commença alors un long tour pour aller jusqu'au port. Les marins-pêcheurs embarquaient les uns après les autres sur leur navire de pêche, emportant avec eux des caisses vides, scrutant chaque maille de leur filet. C'était la première fois qu'elle avait l'occasion de voir ce qu'il pouvait se passer, Deling City n'était pas pourvu de port, encore moins Timber. Tout ce dont elle pouvait savoir sur le monde, elle l'avait lu dans les livres. Voir les pêcheurs en action c'était autre chose. Angel s'amusait à courir après les mouettes, elle avait grand besoin d'exercices, la brune restait accoudée sur l'une des barrières en regardant ce spectacle.

      Finalement, même avec tout ce froid dehors, une fois qu'elle rentra dans la chambre, derechef elle se réinstalla dans le lit, bien déterminée tout emmitouflée à profiter encore un peu de la chaleur de ces draps tout habillée. Son seul regret, que son compagnon n'y soit plus, elle en profiterait donc pour lui piquer sa place. En tout cas, la demoiselle était prête pour le départ s'ils devaient partir aussitôt.


Action de Linoa :
Profite de la promenade pour voler la Source de Magie Aphasie.

HRP :

C'était un fait suffisamment rare pour être souligné mais Linoa avait été la première à se lever du lit. Je parle bien de se lever car ça faisait quelques instants que je m'étais éveillé et que je voyais Angel qui trépignait devant la porte d'entrée. En temps normal, j'aurais agi et je me serais réveillé directement, ne traînant pas tant que cela au lit. Mais ce matin, et à juste titre, c'était différent et je voulais profiter d'être encore blotti contre elle comme pour prolonger un peu le bon moment de la veille et s'assurer que tout cela avait été réel. 

La chienne avait pourtant décidé de ne pas être plus patiente et elle l'avait tout de même été depuis la veille au soir. Ses efforts pour nous bouger étaient vain et elle dût user de tous ses stratagèmes pour réussir à extirper Linoa de sa torpeur. J'étais moi même qu'à moitié éveillé quand je la vis passer le seuil de la porte. 

Mais, je ne lui ferais pas le plaisir de me taquiner en revenant que c'était moi la marmotte et rester au lit avait bien moins d'intérêt si elle n'était pas là pour partager sa chaleur corporelle. C'est donc avec tout le mal du monde que je réussissais à trouver le courage de rejoindre la salle de bain, encore surpris par l'état de la chambre et du lit après le remue ménage d'hier soir. Surtout le fait de m'être endormi dans cet accoutrement qui n'était pas à mon habitude... Du moins, peut être pour le moment. J'avais hésité à appeler le service d'étages pour nous faire livrer un petit déjeuner mais étant donné l'état du lieu, on allait éviter...

Rien de tel qu'une bonne douche d'eau tiède pour commencer la journée et éveiller aussi bien le corps que l'esprit. L'eau qui ruisselait avait eu un effet tonifiant et je me rappelais enfin la vraie raison de notre escapade. Cela m'avait fait du bien de laisser de côté mes obligations pour passer un moment privé avec celle qui était plus qu'officiellement mon amoureuse. Je ne sais pas si on allait rediscuter de ce qui venait de se passer et je n'aurais jamais su trouver des mots adaptés. J'en profitais juste donc pour me sécher et regarder les messages que j'avais reçu. La plupart était des messages d'informations envoyés à une liste de destinataires et ne possédait pas de rapports urgents. Mais l'un de ceux là captait plus mon attention, un scientifique d'Esthar pensait pouvoir lier des portails entre eux pour décider du portail de destination, s'en suivait un rapport de probabilité de quel portail emprunter pour aller où... Mais les données étaient certainement erronés car des cobayes n'ont peut être jamais su retourner à leur point de départ... 

J'entendais la porte de la chambre s'ouvrir et des petites pattes griffues résonner sur le sol. Il semblerait qu'Angel et sa maîtresse soient revenus. Je sortais donc de la salle de bain avant de trouver Linoa qui semblait ne pas vouloir faire ses adieux à notre lit d'un soir. 

"Salut... Encore au lit ?" 

Ma voix se faisait bien réveillée, et j'attendais de savoir si tout le monde était prêt à partir en ramassant les quelques affaires qui traînaient. Le service de ménage aura un peu de boulot là... 

"On va déjeuner ?" 

Le petit déjeuner devait déjà être servie en bas dans la salle commune et devrait largement couvrir nos attentes. J'avais très faim mais je m'asseyai quand même sur le bord du lit près de Linoa.

"A moins que tu veux faire une sieste, tu t'es levée tôt." avant de lui déposer un baiser sur la joue en guise de bonjour. J'étais de bonne humeur et zen ce matin. Mais allait-ce durer ?

HRP:

- Mmmmh...

      Ce fut les premiers mots de la demoiselle qu'il entendit en guise de réponse. Adieu espoir et rêve d'une grasse matinée bien mérité après ces exercices de la veille bien épuisante. Elle aurait pu dire juste qu'elle n'avait pas faim pour pouvoir profiter un peu plus longtemps de la couche, mais son estomac en décida autrement en se plaignant à sa façon. La petite promenade matinale l'avait affamé, à moins que ce ne soit l'air du large qui lui ait ouvert l'appétit. Elle se retourna le tira vers elle pour tenter de l'amadouer et le faire rester dans le lit.

- C'est toi que j'aimerais manger, révéla-t-elle avec un petit sourire en coin, mais je suppose que ce que tu as besoin c'est de la vraie nourriture, elle pointa du doigt là où se trouvait son estomac en appuyant gentiment dessus.

      La sieste serait pour le train si elle devait en prévoir une, ils devraient libérer la chambre et partir. La route était encore longue pour atteindre Deling City, s'ils pouvaient au moins y arriver avant le soir. La demoiselle avait quelque chose de bien précis en tête quand ils arriveraient à la capitale et pas sûr que cela lui plaît. Sans perdre plus de temps et faire attendre son compagnon, elle se leva du lit s'apercevant dans quel état ils allaient laisser la pièce. Non, pas possible de partir comme ça, elle effectua un petit peu de rangement avant de filer vite en dehors de cette pièce pour rassasier cet homme affamé.

- Viens ma fille, appela-t-elle pour que l'animal les rejoigne, allons manger un morceau.

      La salle pour déjeuner se trouvait au rez-de-chausser, les tablettes et les chaises en bois se mariaient avec le décor. Il y avait pas mal de vase contenant des fleurs encore en boutons, Linoa avait remarqué qu'ils venaient du fleuriste en face. C'était un très beau buffet, il y avait tant de choses à se mettre sous la dent, ça donnait envie de goûter à tout. Or, la demoiselle ne devait pas se lancer tenter si facilement, déjà parce que ce serait un bon ou mauvais prétexte pour rester un peu plus longtemps et qu'ils risquaient de se mettre en retard pour le prochain train. Avaient-ils le temps de déjeuner correctement où fallait-il être rapide ? Comme à son habitude ce serait un bol de chocolat chaud, la boisson préférée de tous les enfants !

Etait-ce de la fainéantise ou de la mollesse mais Linoa semblait pas bien décider à partir tout de suite. Pourtant elle avait fait le plus dur en se levant et partir en promenade avec la canidée. 

Linoa commençait déjà à me taquiner et je suis sûr qu'elle se servira de ce qui s'était passée pour me provoquer davantage... Me manger ? N'avait-elle pas été rassasiée justement ? Je ne disais rien pour ne pas attiser cette perche qu'elle m'avait tendue. 

"Oui, j'ai faim..."

Le déjeuner était déjà prêt et l'opulence correspondait bien au standing de l'hôtel. Si les mets étaient aussi variés que classiques, il persistait certains mélanges que je ne tenterais pas. Le salé dès le matin était acceptable mais il ne fallait pas dire oui à tout non plus... 

Si madame était servie, et se contentait de peu. Pour ma part, je profitais d'avoir des tartines grillées et déjà beurrées pour m'en régaler à coeur joie. Un jus de pomme pour couronner le tout et un yaourt nature, cela me donnerait les forces suffisantes. 

Notre programme immédiat n'était pourtant pas chargée mais il fallait bien prendre le train qui nous amènerait à notre destination. Je savais que Linoa n'était pas très bavarde au réveil... Je devais l'être aussi d'ailleurs, avec un réveil qui durerait plus longtemps, en fait... Mais, le petit déjeuner ne se fit sans grand bruit et le temps de vérifier l'heure et les horaires de train pour se motiver à quitter les lieux. 

Angel fut la première à être ravie de lever le camp et si Linoa avait accepté de payer l'hôtel, je ne pouvais que me plier à cette volonté. Ce serait à charge de revanche et pour moi, la prochaine fois. 

Il fallait refaire la marche inverse pour atteindre la gare maintenant et c'est naturellement que, et aussi parce qu'il n'y avait pas grand monde dans les rues, que je tirais sur le poignet de Linoa pour voir si elle voulait qu'on se prenne la main. Qu'elle en profite car après tout, je risquais d'être beaucoup plus protocolaire dans quelques heures quand on arriverait à la gare d'arrivée.


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