Errance entre pierre et plantes.

Où aller ?
Telle était la question que se posait Fluffy, et ce depuis quelques jours. En tout cas, le mystère restait entier. La vieille carte qu’elle possédait ne l’aidait pas réellement, pour sûr, puisque tout était presque entièrement effacé. Mais, en plissant bien les yeux, elle parvenait à entrevoir les tracés sur le papier. Mais encore fallait-il savoir où elle se trouvait. En plus de n’avoir aucune idée si une ville se trouvait à proximité ou non, elle ne savait pas lire une carte. En bref, Fluffy était dans les meilleures conditions pour pouvoir voyager !

En ce moment, la petite boule de poil était encore penchée sur sa carte, cette fois-ci non pas pour désespérément retrouver son emplacement, mais plutôt pour tenter de se rappeler où se trouvait la Mog Poste. Elle se souvenait – vaguement – que son frère l’avait située vers le Nord. Un nouveau problème s’imposait à Fluffy : le Nord, c’était plutôt vert le haut, ou plutôt vers le bas de la carte ? Cruel dilemme. Tandis que mademoiselle se grattait la tête d’une main, en tenant avec l’autre ce bon vieux bout de papier, un coup de vent souffla.
Et l’emporta.

Fluffy resta un instant figée, sa main ne tenant plus rien, puis, dans un élan de désespoir, se mit à poursuivre sa carte en lui hurlant après, comme si elle espérait revenir à elle. Mais ses appels ne servirent à rien, et elle continua à poursuivre le bout de papier, tandis que ce dernier semblait la diriger dans une direction. Alors, enfin, la vieille feuille se posa délicatement au sol, et ne bougea plus. La mog, complètement essoufflée, arriva derrière lui, et la ramassa.

« Enfin ! Tu espérais aller où comme ç- »

Elle ne finit pas sa phrase, destinée à la carte – mais qui parle à des objets, de nos jours ? – et regarda droit devant elle. Bizarrement, c’était bien une forêt qui se trouvait devant elle, mais plus étrange encore, elle ressemblait presque comme deux gouttes d’eau à la Forêt Maudite, située non loin d’Alexandrie. Enfin, en y regardant bien, c’était la même forêt. En clair, Fluffy était presque revenue à son point de départ.

Finalement, elle se dit que ce n’était sans doute pas une mauvaise chose d’être retournée ici ; au moins, elle pourra trouver des gens, qui en plus pourront l’aider ! Si elle continuait comme ça, à vagabonder dans la nature, elle allait encore prendre au moins vingt ans avant d’arriver à destination. De plus, elle connaissait par cœur Alexandrie. Elle ne se souvenait pas depuis combien de temps elle l’avait quittée, mais tout allait bien là-bas, maintenant. Non ?

La mog cala bien sa carte pour éviter qu’elle ne s’envole à nouveau, puis tenta de trouver une entrée pour pénétrer dans la forêt. L’endroit où elle se trouvait était pétrifié, et tout accès par cette voie était bloqué. En marchant un instant, elle finit par trouver un petit passage, ou elle parvint à se faufiler – heureusement qu’elle n’était pas trop grande ! La forêt se dessina devant ses yeux, à la fois pétrifiée et sauvage.

Autant dire que l’endroit n’était pas rassurant du tout, mais, bizarrement, ça ne semblait pas affecter Fluffy du tout. En réalité, cette dernière était tellement ravie de pouvoir enfin retourner à Alexandrie, qu’elle en oubliait toute prudence. À la place, elle sautillait à travers bois, tel le Petit Chaperon Rouge, à observer les lieux avec émerveillement. Ça ne durait pas longtemps : une délicate racine se pavanait sur le chemin, et, bien entendu, Fluffy ne regardait pas le sol – ce dernier était fort peu intéressant. Elle se prit les pieds dans cette pauvre racine qui n’avait rien demandé et, comme on si attendait, trébucha.
Et s’étala de tout son long sur le sol.

Le bruit de cet impact résonna à travers la forêt, et la mog se releva, grommelant que la forêt, en fait, ce n’était pas si bien que ça en avait l’air. Elle essuya ses poils soyeux et regarda autour d’elle ; en fait, tout ça ne lui disait rien. Allons, bon, elle était encore perdue.

« Est-ce que y a quelqu’un ? lança-t-elle, espérant bien qu’une personne avait également eu la bonne idée de se promener par ici. Parce que là, je crois que j’en ai marre. »

Elle n’eut pas la patience de rester sur place en attendant une quelconque réponse, et continua à marcher… Pas plus prudemment.

Fluffy regardait toujours la flore avec émerveillement, mais, cette fois-ci, elle n’oubliait pas de faire attention à là où elle mettait les pieds ; il fallait dire que se ramasser une seule fois sur le sol lui suffisait largement. Elle fit un, deux, trois pas, puis s’arrêta soudainement. Non, elle n’avait pas vu une chose étrange dans la broussaille, mais plutôt entendu un bruit. Quelque chose semblait s’approcher de l’endroit où elle se trouvait ; Qu’est ce que cela pouvait-il bien être ?

La réaction de la mog ? Elle ne s’inquiéta pas, mais alors pas du tout. Elle imaginait très bien arriver un animal – elle n’en avait pas vu, encore, depuis qu’elle était entrée dans la forêt. Une sorte d’animal très beau et, si ça se trouvait, il allait lui demander de monter sur son dos, et il l’emmènerait à Alexandrie ! Et ensuite, elle lui proposerait de devenir son compagnon de route, et ils sillonneraient ensemble la région, pour enfin arriver à la Mog Poste, et…
Mais en fait, la réalité fut tout autre.

Un Monsieur bien habillé arriva alors. Ce n’était peut-être pas l’animal qu’attendait Fluffy, mais elle le dévisagea quand même, l’air émerveillée. Tout de même, elle voulait rencontrer quelqu’un ici, elle avait appelé quelqu’un, et ce quelqu’un était bel et bien venu ! Par contre, pour tout ce qui était de monter sur son dos pour aller à Alexandrie, il ne fallait pas rêver…

Cependant, ce Monsieur n’avait pas l’air aussi ravi de rencontrer Fluffy ; peut-être que lui aussi voulait voir un animal merveilleux, sauf que lui était bien plus déçu que la mog. Mais ça ne la dérangeait pas du tout ; elle gardait encore son air émerveillé, comme figée, pendant que l’autre se présentait. Elle l’écouta à moitié – trop occupée à sa contemplation – mais sortit de sa torpeur en entendant la dernière phrase de ce bon Monsieur. Il avait entendu quelqu’un ? Ça voudrait dire qu’une autre personne était dans le coin ? Pourtant, la petite boule de poils ne se souvenait pas avoir entendu quelqu’un crier. Peut-être que cette autre personne l’avait fait quand elle essayait d’appeler quelqu’un, et c’était pour ça qu’elle n’avait rien perçu. Néanmoins, elle se devait à présent de répondre au gentil Monsieur…

« Bonjour Monsieur Varant ! lança la boule de poils. Mais mon vrai nom c’est Fluffy, pas "mog", coubo ! Mais j’ai vu personne à part vous, Monsieur Varant ! Peut-être qu’elle est partie plus loin ? »

Malheur à elle de ne pas prononcer un nom correctement…

Le Monsieur parut quelque peu déçu ; mais Fluffy n’en tint pas rigueur. Elle était bien trop heureuse d’avoir rencontré ce quelqu’un pour se soucier, ne serait-ce qu’un peu, de ce qu’il se passait au fond de ses pensées. Suite à la réponse de ce gentil Monsieur, la mog se rendit compte qu’elle avait tout intérêt à se hâter à rejoindre Alexandrie. À moins que le Monsieur ici présent connaissait le chemin qui menait à la Mog Poste ? Elle songea à déplier la carte pour qu’il lui indique l’emplacement de ce lieu tant désiré, mais oublia aussitôt lorsqu’il continua en évoquant une tempête et des portails.

Pardon ? Fluffy se demandait vraiment où il voulait en venir. Elle se rappelait qu’il n’avait pas fait vraiment très beau, un jour – mais elle avait mis cette tempête sur le compte de la météo, qui n’avait pas voulu être très clémente, la vilaine ! – En y repensant, son frère lui avait exprimé quelques craintes au sujet de la tempête. Fluffy avait eut beau se creuser la cervelle… Impossible de se souvenir de ce qu’il lui avait dit. Ah ! Si seulement elle avait été plus attentive…
Et puis, les portails ? Ça, elle n’en avait jamais entendu parler…

« C’est quoi ça, les portails ? s’enquit-elle. Enfin… Je sais ce que c’est, un portail, mais on dirait que ce sont pas les mêmes, coubo ! Mais si on traverse un portail, on se retrouve juste de l’autre côté, non ? Moi, si c’est comme ça, je préfère encore le contourner, coubo. J’ai toujours l’impression que ça va me tomber dessus, sinon. »

Non, Fluffy, arrête de parler, tu vas le perturber.
Tandis que la Monsieur s’évertuait à chercher dans ses affaires, la boule de poils se mit à réfléchir ; elle avait eu l’idée d’annoncer quelque chose avant qu’elle ne prenne la parole, mais quoi ? Elle se tapait la tête avec sa main qui ne tenait pas la carte – peut-être qu’en cognant un peu, ça allait lui revenir. Mais non, rien n’y changeait, et elle commença à se sentir très frustré, tandis que le Monsieur marmonnait quelque chose dans sa barbe, qu’elle ne comprit pas.

Mais d’ailleurs… En avait-il une ? Une bien étrange interrogation. Se taper sur la tête pouvait donner des choses bien étranges. Fluffy leva la tête vers ce bon Monsieur pour en savoir le cœur net ; elle remarqua alors que lui la regardait…

« Ben quoi ? lança-t-elle. Ben non, moi j’ai pas de barbe… »

Elle se rendit alors compte, en suivant son regard, qu’il considérait en réalité sa carte. La mog se souvint alors, et déplia le bout de papier.

« Ah, mais au fait, Monsieur Vara, je voulais vous demander un truc ! Bon, on ne voit pas grand-chose sur cette carte – elle est vieille, il ne faut pas lui en vouloir ! – mais je me demandais si vous saviez où se trouvait la… »

Le vent, ce mesquin, revint à la charge, et arracha une nouvelle fois des mains la bout de papier, qui s’enfonça dans la forêt…

« Ah non, pas encore, coubo ! Reviens ! »

La carte de lui obéit pas non plus… Ni une, ni deux, la mog s’élança à sa poursuite, non sans promettre préalablement au Monsieur qu’elle la ramènerait, que la carte le veuille, ou non ! Par chance, le papier s’était bloqué sur une branche légèrement épineuse, quelques pas plus loin. Fluffy récupéra son précieux objets.

« Madame la branche, veuillez la laisser tranquille ! réprimanda la boule de poils, tout en ré-enroulant sa carte. D’accord, elle est vieille… et stupide ! Mais je l’ai dit, il ne faut pas lui en vouloir ! J’en ai besoin ! »

La mog se tourna alors vers Verranlt, lui hurlant :

« Voilà ! Je l’ai déjà récupérée ! »

Peut-être fallait-il arrêter de crier ; on ne sait jamais ce qui pouvait rôder dans les environs…

Tandis que Fluffy écorchait une fois de plus le magnifique prénom de Verranlt, ce dernier ferma les yeux bien forts. Il les rouvrit avec la ferme intention de la réprimander pour ce sacrilège, mais y renonça en voyant l’animal gambader  à la suite de sa carte que le vent venait d’emporter. N’ayant pas le choix, Verranlt la suivit en marchant tranquillement, s’arrêtant à plusieurs pas de l’arbre tordu qui avait déjà arrêté la course du papier.

La mog parlait de sa carte comme si l’objet était vivant et doué d’une volonté propre. Enfin, ce n’était pas le seul objet qui bénéficiait de ce statut ; la branche de l’arbre aussi en était affublée. Mais quel individu saint d’esprit donnerait du « madame » à un vulgaire végétal ? Non, même pas… A un bout de végétal ? Verranlt trouva cela stupide… mais néanmoins, selon lui, un mog ne comptait pas parmi ce qu’il nommait les « individus ». Il s’agissait probablement d’un animal. Verranlt connaissait bon nombre d’animaux à Tréno qu’il pouvait désigner comme individus, car ils se rapprochaient énormément des humains de par leur façon de penser, de vivre, et de s’habiller. Un mog, ça n’avait rien d’humanoïde, et ça ne s’habillait pas. Et non, une écharpe seule ne comptait pas comme un vêtement.

Le jeune homme fut interrompu dans ses pensées par Fluffy, qui brailla qu’elle avait récupérer la carte. Encore heureux. Sans cela, comment aurait-il fait pour sortir d’ici sans y gaspiller un temps précieux ? Pour éviter que la mog ne reproduise son tapage sonore, Verranlt s’approcha.

-Allons allons, ne parle pas si fort. Cette forêt regorge d’horribles créatures prêtes à nous dévorer vivants. Je ne serais pas étonné que nous tombions sur l’une d’elle, voire plusieurs.

Les sens de Verranlt commencèrent à s’éveiller, et il lui sembla que quelque chose les observait. Il zieuta discrètement dans toutes les directions sans pouvoir confirmer ce sentiment. Tout en pestant intérieurement, il se rendit enfin compte que ses sens eux-mêmes s’étaient amoindris. Par mesure de sécurité, il sortit son sceptre de son sous sa toge. Le dos bien droit et la main posée sur son arme décorative dans une position qui se voulait détendue et gentilhomme, il avertit Fluffy de son ressenti, en chuchottant.

-Je n’en suis pas sûr, mais je crois que nous sommes épiés. J’espère que tu sais te battre un minimum ou te cacher facilement, parce que je ne m’occupe que de moi et moi seul dans un combat.

Spoiler:

Après son cri, Fluffy remarqua que ce n’était en réalité peut-être pas la peine de parler aussi fort… Oui, enfin une pensée censée ! Mais pour une idée tout autre que "ça risquait d’attirer les monstres"… Non, en réalité, elle avait remarqué que la forêt était bien calme, du coup, se faire entendre sans hurler était aisé. Et puis, bon, Verranlt l’avait suivie, donc il n’était pas si loin qu’elle l’avait cru. Si ça se trouvait, elle en lui avait mis plein des oreilles. Oups… Mais en fait, il ne le releva pas. Sûrement que non, elle n’avait pas crié assez fort pour briser des tympans. Encore heureux ! Si Fluffy devait parler à quelqu’un, elle préfèrerait faire la conversation à une fleur, un oiseau ou un gil, mais sûrement pas à un sourd ! Ah ça, jamais !

La mog fit peu attention à la "réprimande" du gentil Monsieur. Oh ! Mais ça partait pourtant d’une bonne intention, mais elle avait tout de même du mal à le croire. En réalité, elle s’attendait toujours à ce qu’une merveilleuse créature surgisse des buissons pour les aider, et pas… et pas une bestiole, avec plein de dents partout pour pouvoir manger de tous les côtés : la bouche, les doigts de pied, les oreilles, les fesses – euh… attendez une minute… – bref ! Un vilain monstre comme pouvait le dire Monsieur Verranlt ! Même s’il n’avait donné aucune description…

Bon, et puis après, son interlocuteur s’agita, enfin il regarda partout. Fluffy se dit alors qu’il avait du imaginer la bestiole pleine de dents à laquelle la mog avait songé quelques minutes plus tôt. Alors, elle bomba le torse, soudainement fière de la bonne action qu’elle souhaitait accomplit ; elle allait rassurer ce bon Monsieur !

« Ah, mais ne vous inquiétez pas ! Si quelque chose nous regarde de loin, ce n’est sûrement pas un truc dangereux ! C’est peut-être la personne que vous avez entendue crier, juste avant ! »

Tiens, d’ailleurs, il n’en avait plus parlé. Mystère et boule de gomme… Oui, visiblement, Fluffy n’avait pas encore compris que c’était elle qu’il avait entendue…

« Et puis, reprit-elle, ça existe pas, de toute façon, un monstre avec des dents pour manger sur les fe… »

La boule de poils se figea alors devant l’apparition de deux gigantesques fleurs roses, mais qui en plus volaient. Autant dire que les yeux de Fluffy brillèrent. Non seulement, ce n’était effectivement pas des monstres – du moins aux yeux de la mog, pour l’instant – mais en plus, elles étaient deux ! Les deux merveilleuses créatures que Fluffy aurait bien aimé voir plus tôt !

« Coubo ! Comme elles sont belles ! J’ai trop envie de les cueillir ! »

Euh, non, primo, c’est impossible parce qu’elles volent, deuzio, je doute qu’elles se laissent faire…

« Monsieur Vanrrelt, elles veulent peut-être nous aider ? En tout cas, moi, je vais essayer de leur parler, coubo ! proposa la boule de poils. Peut-être qu’elles le comprendront ! »

Et voilà… Fluffy, cas désespéré.

Bien trop impressionnée par ces magnifiques fleurs, Fluffy tenta d’ignorer Monsieur Verranlt, qui semblait bien plus méchant que gentil à ce moment-là. Certes, il voulait bien l’aider à les cueillir, mais il ne fallait pas les brutaliser, non ! Elles risqueraient de flétrir, sinon. Enfin bref, la mog s’approcha donc de l’un de ces végétaux, et le trouva admirablement plus beau de près.

« Vous êtes vraiment jolie, Madame la Fleur ! lança Fluffy, les yeux brillants. Tout ce rose, c’est vraiment magnifique, coubo ! Moi, j’adore vraiment le rose, vous savez ? Mais c’est vraiment dommage, parce que mon écharpe, elle est vraiment pas rose. Nan, mais, vraiment "vraiment", coubo ! Elle est vraiment vieille, comme ma carte, coubo ! Oh… Je dis beaucoup de "vraiment", là, non ? Ah mais je suis vraiment contente de vous voir, Madame la Fleur ! C’est pour ça ! Je vous avais dit que vous étiez magnifique ? Genre, vraiment, coubo ? Mais non, je vous flatte pas exprès, c’est vrai ce que je dis ! Ne me regardez pas comme ça ! Ah, mais vous n’avez pas de zieux… Mais quand même !

« Ah oui, j’ai failli oublier ! Moi, c’est Fluffy, et l’autre Monsieur, il s’appelle Véranant ! Je sais, c’est un peu bizarre comme nom, mais moi, je l’aime bien ! Et vous, c’est quoi votre nom ? Non, coubo, attendez, ne répondez pas, je vais essayer de deviner ! Flora ? Trop classique. Pissenlit ? Non, ça c’est jaune. Cunégonde ? C’est pas une fleur, ça, si ? Chrysanthème alors ? Mais c’est dur à trouver, votre nom… Et votre amie, elle s’appelle comment, coubo ? D’ailleurs… Vous êtes des Madames ou des Monsieurs ? Zut, coubo, j’aurais du commencer par demander ça…

« Enfin bref ! Monsieur Vérana et moi, on est perdus dans la forêt, et on aimerait bien sortit ! – ne vous inquiétez pas, c’est pas parce qu’elle est moche votre forêt, au contraire, moi je l’aime bien ! Ça doit être cool de vivre dedans, quand même – et du coup, coubo, on aimerait savoir si vous pouviez nous aider à… »

Fluffy s’arrêta soudain, remarquant que la pauvre fleur, n’ayant pas supporté cette phase de dialogue de la mort, était complètement confuse… La mog afficha une mine exaspérée, en mettant ses mains sur ses hanches.

« Ah non, coubo ! s’indigna-t-elle. J’ai pas dit tout ça pour rien ! Répondez-moi, au moins ! »

Peine perdue… La boule de poils remarqua alors que l’autre fleur s’attaquait à Verranlt ! Visiblement, elle n’était pas contente de le voir… Ou alors, il avait tenté de la cueillir, mais il lui avait fait mal… Tout de même, ce n’était pas une raison pour attaquer ! Fluffy en vint alors à une évidence : la deuxième fleur se servait de celle à qui la mog avait parlé, et était méchante ! Ben oui, c’était la seule explication possible !

« Coubo ! Madame la Fleur, en fait, c’était pas votre amie ! Vite, il faut l’attaquer avant que… »

Son interlocutrice tenta d’attaquer, certes… Mais se dirigea vers Fluffy ! Cette dernière fit un bond en arrière, esquivant l’assaut de la fleur complètement zinzin…

« Mais euh ! Vous êtes toc-toc ou quoi ? C’est pas moi qu’il faut attaquer, c’est l’autre fleur, coubo ! »

Peut-être qu’elle avait été droguée ! En tout cas, la mog refusait d’admette que son discours aurait pu la rendre folle… Voyant que ce cher Monsieur Verranlt avait prit l’initiative d’attaquer la méchante fleur, Fluffy se dit qu’il fallait la neutraliser le plus rapidement possible… Pour aider Verranlt et la gentille fleur !

Monsieur Verranlt cria avant d’attaquer cette vilaine fleur… et Fluffy trouva tout de même cela très bizarre. Peut-être que lâcher un cri de guerre rendait l’attaque bien plus efficace ? Il faudrait alors que la mog essaye, pour voir l’impact des paroles… Mais il ne fallait pas oublier de tenter d’attaquer sans crier, aussi ! Sinon, comment observer la différence, entre les deux façons ? Il était bien temps de tester, d’ailleurs. Fluffy regarda la méchante fleur, et, de toute sa petite voix de mog, hurla :

« À L’ABORDAGE !! »

Euh… On est dans une forêt, Fluffy. Pas sur un bateau pirate… Enfin bref, la boule de poils fonça vers cette vilaine plante, et sortit son bel opinel de son écharpe – c’était bien pratique pour cacher des choses. Dommage que la carte de tenait pas de dedans – pour le planter dans la fleur. Cette dernière s’agita, envoyant par la même occasion le petit couteau balader… et se coincer dans la branche d’un arbre. La boule de poils roses soupira : elle était quand même maligne, cette ennemie ! Pas étonnant qu’elle avait réussi à utiliser la gentille fleur comme ça.

La mog tourna le dos au monstre – quelle inconsciente ! – et s’envola pour récupérer son arme dans l’arbre. Par la même occasion, elle songea à quelque chose de bien pratique. En effet, elle portait toujours la vieille carte dans son autre main. Elle décida de la coincer ici à la place de l’opinel – la carte, pas la main, voyons ! – comme ça, pas de gêne pendant les combats ! Il ne fallait juste pas qu’elle oublie où elle l’avait mise… Ce n’était pas malin, mais ça risquait d’arriver… Fluffy se tapa alors la tête, répétant un « elle est là ! Elle est là ! làààà !! » avant de se retourner pour voir où en était le combat, et ce qu’elle pourrait faire…

Visiblement, la vilaine fleur avait attaqué – la mog avait évité l’attaque sans s’en rendre compte… – et Monsieur Verranlt portait quelque chose de bizarre autour des yeux… Des lunettes ? Non, ça ressemblait beaucoup à un gros nuage noir… Est-ce qu’il arrivait encore à voir, avec ça ? Mystère… Puis, ce qui suivit ne plu pas à Fluffy. Mais alors, pas du tout. En effet, la gentille fleur en profita cette fois pour attaquer Verranlt. La mog fut outrée par cette action.

« Alors en fait, tu m’as mentie depuis le début ! » lança-t-elle, furax.

Sauf que Madame la Fleur n’avait pas dit un mot depuis ce même début, Fluffy… Tandis que l’humain s’attaquait à l’autre ennemi, qui cette fois-ci eu sa dose de dégâts et s’évapora dans les airs, la mog descendit de son arbre en fixant la Nélombo restante.

« Tu étais méchante depuis le début, hein ? continua Fluffy. Tu nous as bien eus, vilaine ! Mais ça va pas se passer comme ça ! »

Ouh, qu’elle était en colère.